LES LIVRES D’ARCHITECTURE

Consultation de l’ouvrage

Transcription du texte

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     La nouvelle édition du Parallèle établie en 1766 par Charles-Antoine Jombert est la quatrième des six parties de sa « Bibliothèque portative d’architecture élémentaire à l’usage des artistes », dont elle constitue le quatrième volet, après les traités de Vignole, Palladio et Scamozzi. Elle comporte l’« Avertissement du libraire » qui justifie le choix de l’ouvrage « malgré la dépense considérable » engagée pour tenir les promesses du prospectus qui en annonçait la publication. Le choix du petit format (in-4°) nuit indiscutablement à la clarté de la présentation des ordres. Le texte complet n’est plus toujours en regard de la planche qui l’illustre. D’où la disposition aléatoire des planches placées tantôt à droite (pages impaires), tantôt à gauche (pages paires) ; certains mots ont dû être supprimés pour qu’ils ne débordent pas sur la page suivante (p. 27) ; des feuilles blanches sont introduites pour maintenir une certaine cohérence dans la présentation.
L’édition est « augmentée » du fait que Charles-Antoine Jombert ajoute aux modèles des théoriciens proposés par Chambray les modèles d’Errard et de Perrault présentés en parallèle pour chaque ordre. Errard les avait prévus en son temps pour une réédition du Parallèle qui ne vit jamais le jour. Dans la première partie consacrée aux ordres grecs, après le parallèle établi entre Errard et Perrault, suivent les modèles des piédestaux de Palladio, Scamozzi, Serlio et Vignole, présentés sur une même planche, puis ceux de Cataneo, Viola, Bullant et De l’Orme sur une autre, repris de l’édition de Jollain (1689), par l’intermédiaire sans doute de l’édition sans date de son père Claude Jombert et des frères Barbou (entre 1717 et 1732) ; mais le texte qui les accompagne est nouveau. Viennent après les modèles des piédestaux d’Errard et de Perrault. Les antiques qui suivaient les modèles théoriques dans l’édition originale de 1650, sont ici intercalés entre les modèles d’Errard et ceux des piédestaux des huit meilleurs auteurs.
Pour ce qui est de la seconde partie dévolue aux ordres toscan et composite, Jombert complète les modèles des seuls Palladio, Scamozzi, Vignole et Serlio distingués par Fréart de Chambray par ceux de Barbaro, Cataneo, Bullant et De l’Orme, mais aussi ceux de l’architecte Revesio Bruti et du sculpteur Jean-Baptiste Montana, en remplacement d’Alberti et Viola, sous le prétexte que le Florentin n’avait pas laissé de modèle et que Viola était trop proche de Palladio (p. 9, 108).
L’ « Explication de quelques termes difficiles particulierement à l’architecture » est une refonte enrichie du texte original avec une présentation alphabétique. L’ouvrage de Fréart de Chambray proposé au public par Jombert se veut complet et au goût du jour (le texte sur les caryatides est entièrement revu, p. 61-62). Mais le Parallèle de 1766 n’a plus rien de commun avec celui de 1650 : sa présentation en donne une lointaine caricature.

Frédérique Lemerle (Cnrs, Cesr, Tours) – 2011

Bibliographie critique

R. Fréart de Chambray, Parallèle de l’architecture antique avec la moderne (Paris, 1650), Édition critique établie par F. Lemerle, suivie de l’Idée de la perfection de la peinture, édition établie par M. Stanic, Paris, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 2005.

F. Lemerle, « Fréart de Chambray ou les enjeux du Parallèle », XVII^e siècle, 196, 1997, p. 419-453.

F. Lemerle, « Une querelle des Anciens et des Modernes en architecture : Fréart de Chambray », Travaux de Littérature, 12, 1999, p. 37-47.

F. Lemerle, « À l’origine du palladianisme européen : Pierre Le Muet et Roland Fréart de Chambray », Revue de l'art, 178, 2012-4, p. 43-47.

F. Lemerle, « Le Parallèle et l’Idée », É. Lavezzi (éd.), Lectures de l’Idée de la perfection de la peinture, à paraître.