LES LIVRES D’ARCHITECTURE
Pour la seconde édition augmentée de l’Architecture françoise de Louis Savot, les libraires Jacques Villery et Pierre Emery s’associent à Pierre Aubouyn et aux héritiers de François Clousier, qui avaient publié en 1673 l’ouvrage augmenté de notes de François Blondel. Avec un format identique et presque le même nombre de pages (436 en 1685, 432 en 1673), le livre a été passablement remanié. La dédicace à Colbert, mort en 1683, a disparu. Le nouveau privilège est rejeté en fin de volume. Blondel surtout a repris l’ensemble de son travail : il enrichit quelques notes (ch. 22, p. 137 ; ch. 28, p. 17 ; ch. 30, p. 186 et 193 ; ch. 37, p. 268 ; ch. 40, note a ; ch. 41, p. 295) et actualise les données qu’il avait ajoutées à la fin du livre de Savot. Les plus importantes additions concernent le chapitre 47 avec la mise à jour de la « bibliographie » d’architecture de Savot, qu’il n’avait que relativement peu augmentée en 1673. Il renvoie ainsi aux plus récents ouvrages de Claude Perrault, l’Abrégé de Vitruve (1674), à l’Ordonnance des cinq espèces de colonnes (1683) et l’édition augmentée du Vitruve (1684) parus depuis (p. 340), ainsi qu’à plusieurs textes qui ne sont pas forcément très récents : ainsi le Poliphile de Jean Martin de 1546 et l’Amour parfait d’Athénagoras « traduit par Me Fumée » (p. 351 ; il s’agit Du vray et parfait amour, escrit en grec par Athénagoras, philosophe athénien, contenant les amours honestes de Théogènes et de Charide, de Phérécides et de Mélangénie, par Martin Fumée, sieur de Genillé, publié pour la première fois sans lieu ni nom en 1599, réédité à Paris en 1612). Il développe dans la même note ses allusions au Parallèle de Fréart de Chambray et au traité de gnomonique de Girard Desargues et d’Abraham Bosse, ajoute le Secret d’architecture de Jousse (1642), L’architecture des voûtes de Derand (1643), fait allusion aux divers livres de Le Pautre, aux Deux exemples des cinq ordres de l’architecture de Le Blond (1683), aux trois livres d’architecture de Bosse, « excellens pour la doctrine qu’ils contiennent qui a été dictée par Monsieur Dezargues au Sieur Bosse » et à l’Architecture harmonique d’Ouvrard (1679). Il dit espérer la publication de l’ouvrage de « Monsieur de Saint Hilarion, qui réduit toutes les mesures générales & particulières des bâtiments selon les cinq ordres d’architecture, à la proportion géométrique », et d’un « extrait des Registres de l’Académie Royale d’Architecture ». Il conclut en évoquant sa propre production : les Quatre problèmes de l’architecture de 1673 qu’il annonçait en note dans l’édition précédente, le Cours d’architecture (1675-1683), le plan de Paris avec les portes « construites sur ses dessins », et enfin (p. 348) une traduction de Scamozzi (« J’ay traduit en notre langue de troisième & le sixième Livre de Scamozzi qui sont prêts à être donnés au public. », p. 351). Yves Pauwels (Cesr, Tours) – 2011 Bibliographie critique
J. Ache, « Techniques de construction et formes architecturales au XVIIe siècle » Revue de la Société d’études du XVIIe siècle, 36-37, 1957, p. 273-286. J.-P. Babelon, Demeures parisiennes sous Henri IV et Louis XIII, Paris, Hazan, 1991. M.-A. Fleury, Documents du minutier central concernant les peintres, les sculpteurs et les graveurs au XVIIe siècle (1600-1650), Paris, SEVPEN, 1969, 1, p. 512. A. Gerbino, François Blondel : Architecture, Erudition, and the Scientific Revolution, Londres/New York, Routledge, 2010. C. Parkhurst, « Louis Savot’s Nova Antiqua Color Theory, 1609 », J. Bruyn, J. A. Emmons, E. de Jongh & D. P. Snoep (éd.), Album amicorum J.-G. Van Gelder, La Haye, Nijhoff, 1973, p. 242-247. Y. Pauwels, « La bibliographie d’architecture de Louis Savot (1624) », Journal de la Renaissance, 5, 2007, p. 371-382. H. Rambach, « Louis Savot, la modernité d’un regard novateur », Europäische numismatische Literatur im 17. Jahrhundert, numéro spécial, 2005, p. 59-67.
Notice L’Architecture françoise des bastimens particuliers composée par Me Louis Savot, augmentée dans cette seconde édition de plusieurs figures et des notes de M. Blondel... - Paris : Vve et Ch. Clousier, 1685. [16]-434-[2] p. : figures gravées sur bois dans le texte ; in-8. |