LES LIVRES D’ARCHITECTURE

Notice détaillée

Auteur(s) Desgodets, Antoine
Titre Les edifices antiques de Rome...
Adresse  
Localisation Paris, Institut de France, ms. 2718
Mots matière Édifices antiques
Transcription du texte

English

     La publication en 1682 des Edifices antiques de Rome par Antoine Desgodets est le résultat d’un séjour de seize mois en 1676-1677 à Rome et en Italie, au cours duquel Desgodets a élaboré un carnet de dessins aujourd’hui conservé à la Bibliothèque de l’Institut (ms. 2718). À ce document succéda le manuscrit préparatoire autographe et inédit des Edifices antiques de Rome, conservé à la Bibliothèque nationale de France (ms. fr. 381) et provenant de la bibliothèque personnelle de Colbert.
Quarante-huit édifices sont représentés dans le carnet de dessins de l’Institut, alors que vingt-cinq seulement figureront dans les Edifices antiques. La majorité des édifices se trouvent à Rome et ses environs, à l’exception d’une colonne antique de Terni (f. 62v°), de l’arc d’Auguste à Rimini (f. 62r°), du temple de Clitumne à Spolète (ff. 83r°-86v°), de l’amphithéâtre de Vérone (ff. 73r°-75r°), et de l’église de la Contre-réforme San Salvatore de Giovanni Ambrogio Magenta à Bologne (1603) (ff. 87r°-v°), par ailleurs le seul édifice moderne à figurer dans ce recueil.
La majorité des édifices représentés sont antiques et seront repris dans Les Edifices antiques de Rome. En fait, l’intention déclarée de Desgodets « n’est pas de mesler le moderne avec l’antique ». Dans ce recueil figurent néanmoins des églises paléochrétiennes et médiévales telles que Santa Maria in Trastevere (ff. 44r°-55r°), Santa Sabina (ff. 42v°-43v°), San Stefano Rotondo (f. 39r°), Santi Bonifacio e Alessio sur l’Aventin (f. 45v°) et le mausolée de Sainte-Constance (connu sous le nom de temple de Bacchus depuis la Renaissance) (ff. 37r°-38r°) qui incluaient des spolia d’édifices antiques ou qui étaient considérés comme des fondations antiques.
Les dessins du recueil sont dessinés au trait, sans clair obscur (à la différence de ceux figurant dans les Edifices antiques) ; les monuments sont présentés en plans, élévations et coupes longitudinales et transversales, accompagnés de planches synthétiques des piédestaux, bases, chapiteaux et entablements. On peut se demander si ces dessins ont été exécutés devant les monuments même et de premier jet. Cela paraît tout à fait improbable car la précision qu’on y constate exigeait des croquis, des mesures et des travaux préliminaires voire des fouilles : « J’ay vérifié le tout plusieurs fois pour me confirmer dans une certitude dont je pûsse répondre, ayant fait fouiller ceux qui estoient enterrez, & fait dresser des eschelles & autres machines pour approcher de ceux qui estoient beaucoup élevés, afin de voir de prés & prendre avec le Compas les hauteurs & les saillies de tous les membres, tant en general qu’en particulier jusqu’aux moindres parties ». Les dessins du recueil sont donc sans doute des mises au net peu avant la présentation du recueil à l’Académie d’Architecture où il fut discuté du 13 décembre 1677 au 7 mars 1678. Jugé comme « un fort grand et fort beau travail » par l’Académie, ses membres s’attachèrent à étudier minutieusement certains de ces dessins : le portique d’Octavie, le temple de Saturne et le temple d’Antonin et de Faustine, et à comparer leurs mesures avec celles des principaux auteurs, principalement Palladio. L’académie souhaitait d’ailleurs réduire à la même échelle certaines restitutions communes aux deux auteurs pour pouvoir les comparer. Desgodets avait dû déduire toutes les dimensions des édifices antiques à partir du diamètre des colonnes qu’il avait lui-même mesuré avec le pied du roi (0,32484 m.). L’architecte Martin Goupy précise « M de Colbert à qui il [Desgodets] rendit compte de ses travaux, lui ordonna de mettre cet Ouvrage en ordre, & voulut […] qu’il fût imprimé aux dépens du Roi, & lui fit présent non seulement de l’Edition, mais même des Planches ».
Le recueil permet de suivre précisément les étapes qui ont mené à la publication des Edifices antiques en 1682. Il témoigne ainsi des nouvelles exigences qui avaient cours à cette époque quant à la précision des relevés des monuments et celles de l’Académie Royale d’Architecture, en particulier sur la nécessité d’une publication définitive sur les édifices antiques de Rome qui corrigerait toutes les erreurs et les approximations des auteurs précédents tels que Sebastiano Serlio, Antonio Labacco, Andrea Palladio et Roland Fréart de Chambray.

Louis Cellauro & Gilbert Richaud (Lyon) – 2014

Bibliographie critique

L. Cellauro & G. Richaud, Antoine Desgodets : Les Edifices Antiques de Rome, Édition fac-similé du Manuscrit 2718 de l’Institut de France, avec transcriptions, annotations, et reproduction des planches du volume publié en 1682, Studi sulla cultura dell’antico, 7, Rome, De Luca Editore d’Arte, 2008.

L. Cellauro & G. Richaud, « Mesure et exactitude : le module d’Antoine Desgodets pour ses relevés de monuments antiques », Revue de l’Art, 170, 2010-4, p. 65-74.

W. Herrmann, « Antoine Desgodets and the Académie Royale d’Architecture », Art Bulletin, 40 (1958), p. 23-53 ; 41 (1958), p. 127-128.

H. Lemonnier, « Les dessins originaux de Desgodetz pour les édifices antiques de Rome (1676-1677) », Revue archéologique, Cinquième série, t. 6 (juillet-décembre 1917), p. 213-230.

H. Rousteau-Chambon, Les Edifices antiques de Rome dessinés et mesurés très exactement par Antoine Desgodets architecte, Fac-similé de l’édition de Jean-Baptiste Coignard, imprimeur du Roi, Paris, 1682, Paris, Picard, 2008.

D. Wiebenson, Antoine Desgodets, Les Edifices antiques de Rome dessinés et mesurés très exactement, dans The Mark J. Millard Architectural Collection : French Books, Sixteenth through Nineteenth Centuries, New York, 1993, vol. 1, n. 62, p. 148-151.

 

 

 

Notice

Recoeüil des estudes darchitectures que iay fait à rome pendant l'espace de seize mois que iy ay demeuré dans les années 1676 et 1677 / ADesgodetz.
Manuscrit autographe. 104 feuillets. Plume et crayon. 32 x 23 cm. 1676-1677.
Paris, Institut de France, ms. 2718.
*Notes :
- Reliure veau dans un étui de maroquin vert.
- Achat de l’Académie royale d’architecture par décision du 8 mars 1779.