LES LIVRES D’ARCHITECTURE

Notice détaillée

Auteur(s) Alberti, Leon Battista
Martin, Jean
Titre L’architecture et art de bien bastir...
Adresse Paris, J. Kerver, 1553
Localisation Tours, Cesr, SR/2B (4781)
Mots matière Architecture, Traité
Transcription du texte
1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10

English

     La traduction française du De re ædificatoria fut le dernier travail littéraire de Jean Martin. Elle parut en 1553, chez Kerver, peu après sa mort, comme le révèle la préface de son vieil ami et collaborateur, Denis Sauvage. On ignore où, quand et comment Martin a traduit les dix livres d’Alberti. Le privilège daté des mois d’août et septembre 1551 indique qu’à cette date il était encore vivant, et toujours secrétaire du Cardinal de Lenoncourt. Publiée sans préface du traducteur, sans commentaire, index ni lexique, la version française de 1553 semble se fonder en priorité sur l’édition latine imprimée par Jakob Cammerlander à Strasbourg en 1541, qui avait introduit certaines variantes par rapport aux éditions précédentes ou à la traduction italienne de Pietro Lauro (1546), elle-même proche du texte latin de 1541, souvent au détriment de l’intelligibilité du texte italien. En revanche, la version italienne de Cosimo Bartoli, première édition illustrée du De re ædificatoria (1550) a été utilisée pour la traduction des livres VIII, IX et X. En raison de la qualité de la traduction de ces derniers livres et d’autres singularités, on peut distinguer dans l’édition attribuée à Martin deux phases et deux responsabilités différentes. Martin a vraisemblablement traduit le De re aedificatoria sur la base de l’édition latine de Strasbourg et de la traduction italienne de Lauro. Ensuite Sauvage, version Bartoli en main, aurait révisé certaines parties du texte, notamment les livres VIII-X, peut-être les derniers traduits par Martin un peu à la hâte. Suivant l’exemple de Bartoli, Sauvage se serait également chargé de choisir les illustrations pour la traduction française.
L’ouvrage est illustré de 95 xylographies, dont 69 ont été soigneusement copiées de l’édition florentine de Bartoli. Une au moins, le tracé d’une volute ionique, pourrait être l’œuvre originale de Martin. Parmi les autres sources figurent le Terzo Libro de Serlio (1540, 1544…), l’édition vitruvienne de Fra Giocondo (1511), par le truchement vraisemblable de la traduction française de Vitruve par Martin (1547), où nombre de ces images étaient déjà utilisées. Reste une autre source non identifiée jusqu’ici.
Vers le milieu du XVIe siècle, le De re ædificatoria était un traité d’architecture aussi célébré qu’obsolète. Après un siècle d’existence, il avait mal vieilli. Jean Martin, qui avait été le collaborateur et le traducteur français de Serlio, était sans doute le mieux placé pour percevoir le décalage qui existait entre le traité albertien et la théorie architecturale moderne. Aussi peut-on se demander pourquoi et pour qui cette vulgarisation illustrée fut conçue. Quoi qu’il en soit, cet Alberti français ne semble pas avoir été un best-seller ; il ne fut jamais réimprimé. Il n’en reste pas moins qu’il est présent dans les bibliothèques d’architectes, et qu’il est resté la seule traduction française jusqu’à une date toute récente.

Mario Carpo (École d’architecture de Paris La Villette) - 2005

Bibliographie critique

L. B. Alberti, L’art d’édifier, traduit du latin, présenté et annoté par P. Caye et F. Choay, Paris, Seuil, 2004.

M. Carpo, « Les problèmes de la traduction du De re aedificatoria d’Alberti, 1553 », Jean Martin, Un traducteur au temps de François Ier et de Henri II, Cahiers V. L. Saulnier, 16, Paris, PENS, 1999, p. 127-135.

M. Carpo, « La traduction française du De re aedificatoria (1553). Alberti, Martin, Serlio et l’échec d’un classicisme vulgaire », F. Furlan, P. Laurens & S. Matton (éd.), Leon Battista Alberti, Paris/Turin, Vrin/ Nino Aragno Editore, 2000, p. 923-964

M. Carpo, « Le De Re Aedificatoria de Leon Battista Alberti et sa traduction française par Jean Martin, à Paris chez Jacques Kerver en 1553 », S. Deswarte-Rosa (éd.), Sebastiano Serlio à Lyon. Architecture et imprimerie, Lyon, Mémoire Active, 2004, p. 371-372.

Y. Pauwels, « Leon Battista Alberti et les théoriciens français du XVIe siècle : le traité de Jean Bullant », Albertiana, 2, 1999, p. 101-104.

 

Notice

L’Architecture et Art de bien bastir du Seigneur Leon Bapstiste Albert, Gentilhomme Florentin, divisée en dix livres, traduicts de Latin en Françoys, par deffunct Jan Martin, Parisien, nagueres Secretaire du Reverendissime Cardinal de Lenoncourt.
A Paris : [Imprimé par R. Massellin, pour] J. Kerver, Libraire juré, demourant aux deux Cochetz, Rue Sainct Jaques, 1553.
[8]-228 ff. (i.e. 231 : 1 f. de planche entre les pages 166-167 ; 2 f. de planches entre les pp. 184-185), illustrations, portrait, figures, titre avec encadrement gravé sur bois. - 2°
Avec privilège du Roy.
Première édition de la traduction française du De re aedificatoria de L. B. Alberti (éd. princeps, Florence, 1485). L’édition est dédiée par Martin au roi Henri II, par l’entremise de Denis Sauvage, et contient une longue épitaphe rédigée par Ronsard en hommage au traducteur. Impression sortie des presses de Robert Masselin pour Jacques Kerver dont la marque typographique est frappée en tête de l’encadrement de titre à enroulements. Pour les deux tiers des illustrations, Kerver utilisa des bois parus dans l’édition italienne de C. Bartoli (1550) et pour le reste des planches provenant de Serlio et de l’édition française de Vitruve, par Martin (1547). Au verso du titre, portrait d’Alberti en cartouche.
Harvard Kat. I, 12 ; Berlin Kat. 2553 ; Cicognara 374 ; Fowler 7 ; RIBA 50.
Centre d’Études Supérieures de la Renaissance, Fonds ancien, SR/2B (n°inventaire : 4781)
*Note :
- Couverture de parchemin.