LES LIVRES D’ARCHITECTURE

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     Ces épreuves, qui n’étaient pas connues de William Bell Dinsmoor et de Marco Rosci, furent découvertes par Konrad Oberhuber (1968, p. 2-3) et publiées pour la première fois en 1978 dans le fac-similé du manuscrit du Livre VI de l’Avery Library de l’Université Columbia à New York (Rosenfeld 1978).
Dans une lettre écrite par Serlio le 19 mai 1552 à François II de Dinteville, évêque d’Auxerre (Paris, BnF, Collection Dupuy, ms. 728, ff. 178-178v°), découverte par François-Charles James et publiée par Sabine Frommel (1998, p. 36-39), Serlio indique qu’il vient d’achever le dessin et la gravure des planches d’illustrations du Livre VII : « ... e le planse [c’est-à-dire les planches de bois] sono tutte disegnate ». Si l’on en croit une lettre d’Ottavio Strada adressée de Nuremberg à son père le 5 septembre 1574 (Vienna, Nationalbibliothek, Codex 9039, ff. 112-113v°), les planches originales que Serlio exécuta pour le Livre VII furent endommagées pendant le voyage de Venise à Francfort. Cette lettre mentionne également des épreuves qui ont été faites à partir de ces planches. La technique utilisée par Serlio pour la préparation des planches est celle dont témoigne une œuvre de Pierre Brueghel, Les noces de Mopsus et Nisa (1566, New York, Metropolitan Museum of Art) : le dessin à la plume et à l’encre brune est directement exécuté sur une feuille collée sur la planche de bois que l’artiste a ensuite partiellement gravée. Les planches du Livre VI furent probablement exécutées par Serlio en même temps que celles du Livre VII car le format des folios de la version imprimée du Livre VII (350 mm. x 234 mm.) est presque semblable à celui des épreuves de Vienne. Selon Sabine Frommel (1998, p. 346-351) le manuscrit à partir duquel furent réalisées les planches du Livre VI est antérieur au manuscrit de Munich. Mais les épreuves de Vienne contenant des variations par rapport aux illustrations des manuscrits de Munich et de l’Avery, je pense avec Paolo Fiore (2001, p. 29-31) que le manuscrit perdu devait être le dernier des trois (Rosenfeld 1996, p. 1-8). L’existence de planches de bois pour les illustrations des Livres VI et VII confirme l’hypothèse d’Henri Zerner (1988, p. 282) selon laquelle Serlio fut formé à la gravure sur bois plutôt qu’à la gravure sur cuivre. Les gravures sur cuivre de ses ouvrages furent toutes exécutées d’après ses dessins par d’autres artistes.

Myra Nan Rosenfeld (Victoria University Centre for Reformation and Renaissance Studies, University of Toronto) – 2012

Bibliographie critique

F. P. Fiore, « Les épreuves d’imprimerie du Sesto Libro conservées à Vienne », S. Deswarte-Rosa (éd.), Sebastiano Serlio à Lyon. Architecture et imprimerie, Lyon, Mémoire active, 2004, p. 171-173.

S. Frommel, Sebastiano Serlio architetto, Milan, Electa, 1998 (tr. fr. : Paris, Gallimard, 2002).

D. J. Jansen, « Jacobo Strada editore del Settimo Libro », C. Thoenes (éd.), Sebastiano Serlio, Milan, Electa, 1989, p. 207-215.

K. Oberhuber, « Sebastiano Serlio », Albertina Informationen, 5, 1968, p. 2-3.

M. N. Rosenfeld, « Sebastiano Serlio’s Drawings in the Nationalbibliothek in Vienna for his Seventh Book on Architecture », The Art Bulletin, 56, 1974, 3 (Septembre), p. 401-409.

M. N. Rosenfeld, « Recent Discoveries about Sebastiano Serlio’s Life and his Publications », préface à Sebastiano Serlio : On Domestic Architecture (réédition du fac-similé de 1978 du manuscrit de l’Avery), New York, Dover Publications, 1996.

M. N. Rosenfeld (éd.), S. Serlio, Serlio on Domestic Architecture, New York, Architectural History Foundation, Cambridge, Massachusetts, 1978 (fac-similé du manuscrit de l’Avery du Livre VI), avant popos d’Adolf K. Placzek ; Introduction de James S. Ackerman.

F. P. Fiore & T. Carunchio (éd.), S. Serlio, Architettura Civile, Libri Sesto, Settimo e Ottavono nei manoscritti di Monaco e Vienna, Milan, Il Polifilo, 1994.

F. P. Fiore (éd.), S. Serlio, L’Architettura ; I Libri 1-VIII e l’Extraordinario nelle prime edizioni, Milan, Il Polifilo, 2001.

H. Zerner, « Du mot à l’image : le rôle de la gravure sur cuivre », J. Guillaume (éd.), Les traités d’architecture à la Renaissance, Paris, Picard, 1988, p. 281-287.