LES LIVRES D’ARCHITECTURE
Notice détaillée
Auteur(s) |
Alberti, Leon Battista
Bartoli, Cosimo |
Titre |
L’architettura... |
Adresse |
Florence, L. Torrentino, 1550 |
Localisation |
Paris, Ensba, Les 1505 |
Mots matière |
Architecture |
English
Durant le siège de 1530 Cosimo Bartoli (1503-1572) dut quitter Florence pour Rome où il exerça ses talents de dessinateur dans le domaine architectural, sans cesser de s’intéresser aux mathématiques, à la musique et aux disciplines humanistes. Ce clerc qui avait embrassé la carrière ecclésiastique pour jouir d’un certain nombre de bénéfices, eut à cœur dans ses éditions d’employer la langue vulgaire, la rapprochant de la langue parlée, introduisant des normes orthographiques et surtout des signes typographiques liés à la prononciation florentine comme il le fit pour le commentaire de Marcile Ficin jusqu’alors inédit paru en 1544, chez Neri Dortelata avec un préambule « a gli amatori della lingua fiorentina » (Sopra l’amore, o vero Convito di Platone traslatato da lui dalla Greca lingua nella Latina e appresso volgarizzato nella Toscana). C’est dans ce contexte qu’il publia en 1550 sa traduction du traité d’architecture d’Alberti. Elle venait après celle de Pietro Lauro parue quatre ans plus tôt (1546).
L’ouvrage de grand format (in-folio) possède une belle page de titre avec les armes et le blason du dédicataire, Cosme de Medicis : elle présente au centre un dieu fleuve devant un paysage de ruines d’après un dessin de Vasari dont l’original est conservé au musée des Offices. Au verso est gravé le portrait d’Alberti qui sera repris dans les éditions ultérieures de ses œuvres. Suivent la dédicace de Bartoli à Cosme (p. 3-4), la préface d’Alberti et le traité proprement dit. L’ouvrage se clôt sur un volumineux index des sujets (« Tavola delle cose più notabili »). Comme ses prédécesseurs, il a suivi la division en chapitres qui avait été introduite par Geoffroy Tory. L’édition est d’une incontestable qualité scientifique : le texte a été débarrassé des erreurs dues aux copistes, la traduction écrite dans la belle langue florentine est plus fidèle que celle de Lauro, même si Bartoli n’hésite pas à prendre fréquemment quelques libertés dans l’interprétation du texte. La mise en page est très soignée. Surtout la traduction est pour la première fois illustrée. Seul le livre V qui traite des demeures des particuliers est dépourvu d’images. Bartoli a dessiné toutes les illustrations dont une double page (plan de thermes, p. 322-323) et 33 en pleine page, la plupart dédiées aux « ordres » (types d’arcatures sur colonne, dispositions avec différents supports, entasis de la colonne, chapiteaux, bases, entablements, portes), à des plans et élévations d’édifices divers (basilique, théâtre, arc...). Pour ce faire, il interprète Alberti à la lumière des recherches contemporaines, Serlio en l’occurrence dont le Quarto libro a diffusé en 1537 la première description des cinq ordres. Aussi Bartoli prend-il quelques initiatives, choisissant de reproduire le motif de la rose sur le gorgerin du premier chapiteau dorique, comme l’y invitaient des antiques illustres (basilique Æmilia, thermes de Dioclétien), ou en proposant deux versions de base attique qui diffèrent seulement dans la saillie, alors qu'Alberti (VII, 7) précisait que la saillie ne doit pas excéder la moitié du rayon ni être inférieure à son tiers. Bartoli choisit pour le chapiteau corinthien le feuillage de l’olivier, avec des feuilles refendues en cinq ou sept, telles qu’il pouvait l’observer dans les principaux édifices de Rome. Pour ce qui est de la typologie des bases, il reste néanmoins fidèle à Alberti qui qualifie d’« ionique » la base corinthienne.
Les mille cinq cent exemplaires du premier tirage furent rapidement épuisés. La version de Bartoli fut donc rééditée en 1565 à Venise par Francesco De Franceschi dans un format in-4°, puis la même année 1565 par Leonardo Torrentino, le fils de Lorenzo, à Monte Regale (Mondovi). Elle servit également de base à Jean Martin pour les livres VIII, IX et X, qui reprit un grand nombre d’illustrations (1553). De fait la traduction de Bartoli a prévalu jusqu’à l’édition bilingue (texte latin/italien) publiée en 1966 par Giovanni Orlandi et Paolo Portoghesi.
Frédérique Lemerle (Cnrs, Cesr, Tours) – 2016
Bibliographie critique
L. B. Alberti, L’architettura [De re aedificatoria], Testo latino e traduzione a cura di G. Orlandi, introduzione e note di P. Portoghesi, Milan, Il Polifilo, 1966.
F. Borsi, Leon Battista Alberti. Opera completa, Milan, Electa, 1986 (1ère éd. : Milan, 1973).
J. Bryce, Cosimo Bartoli (1503-1572). The career of a Florentine Polymath, Genève, Droz, 1983.
J. Rykwert, N. Leach & R. Tavernor (éd.), Leon Battista Alberti, On the art of Building in Ten books, Cambridge Mass. & Londres, MIT, 1988, p. xix.
M. Carpo, L’architettura dell’età della stampa: oralità, scrittura, libro stampato e riproduzione meccanica dell’immagine nella storia delle teorie architettoniche, Milan, Jaca Book, 1998.
D. Moreni, Annali della tipografia fiorentina, impressore ducale, Edizione seconda corretta, e aumentata, Florence, F. Daddi, 1819 ; éd. fac-similé, Florence, Le Lettere, 1989.
F. Salvi, « Edizioni, versioni e illustrazioni del De re Aedificatoria. Nota sulla fortuna del trattato albertiano », G. Morolli & M. Guzzon (éd.), Leon Battista Alberti : i nomi e le figure. Ordini, templi e fabbriche civili: immagini e architetture dai libri VII e VIII del De re ædificatoria, Florence, Alinea, 1994.
A. Tura, « Saggio su alcuni selezionati problemi di bibliografia fiorentina », A. Tura (éd.), Edizioni fiorentine del Quattrocento e del primo Cinquecento in Trivulziana, Milan, Comune di Milano, 2001, p. 9-65.
Notice
L’Architettura di Leon Batista Alberti, tradotta in lingua fiorentina da Cosimo Bartoli gentil’huomo e accademico fiorentino. Con la aggiunta de disegni.- In Firenze : appresso Lorenzo Torrentino, 1550.
[1]-283 [284], [4], [285]-404 pages, et 22 pages d’index : 76 bois gravés dans le texte dont 33 en pleine page, lettrines historiées, in-folio.
1ère édition illustrée du De re ædificatoria.
Beau titre-frontispice avec portrait d’Alberti gravé sur bois, dédicace de Bartoli à Côme de Medicis ; préface d’Alberti. En fin de volume, registre et privilège.
Index des sujets : « Tavola delle cose più notabili ».
Berlin Katalog 2552 ; Fowler 6 ; RIBA 52.
Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, Les 1505.
*Notes :
- Reliure de veau, aux armes (2 étoiles au-dessus d’une barre et d’un croissant) : 36 x 24 x 4,5 cm.
- Les initiales LB du dos correspondent à Louis Bizeau (16..-16..) (Olivier, Hermal et Roton n° 486).
- Restauré en juin 2007 : pose d’un demi-dos, coins et gardes réparés, badigeon ôté des plats.
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