LES LIVRES D’ARCHITECTURE
Les Représentations
géométrales sont une suite de onze planches précédées
d’une page de titre et de deux planches de texte gravé.
Abraham Bosse s’y adresse « aux curieux et praticiens de
l’architecture ». C’est le premier recueil qu’il
publie sur cet art, en 1660 si l’on en croit la planche I qui
porte cette date, même si la page de titre est datée de
1659. Il travaille déjà à son « traité
d’architecture » auquel il dit avoir songé intégrer
ces planches de portes. Mais il y a renoncé, soucieux d’en
faire « d’autres et même quelques fenêtres,
cheminées, alcôves, décorations de salons et chambres
» qu’il publiera au fur et à mesure. L’ouvrage
se situe dans la tradition des recueils de modèles inaugurée
en France au XVIe siècle par Androuet du Cerceau et Serlio et
poursuivie au siècle suivant par Alexandre Francine (Livre
d’architecture contenant plusieurs portiques de differentes inventions,
sur les cinq ordres de colomnes, Paris, 1631), Pierre Collot (Pieces
d’architecture, ou sont comprises plusieurs sortes de cheminees,
portes, tabernacles..., Paris, 1633), et Jean Barbet (Pieces
d’architecture, où sont comprises plusieurs sortes de cheminées,
portes, tabernacles..., Paris, 1633) dont Bosse avait gravé
les cuivres. Si les portes de Francine conviennent sans doute plus aux
parterres, fabriques et fontaines de châteaux, si les quelques
modèles du Flamand Collot restent anecdotiques, en revanche les
dix portes présentées ont plus à voir avec celles
d’architectes comme Serlio, qui dans le Livre extraordinaire
(Lyon, 1551) proposait cinquante portes, trente « rustiques »
et vingt « délicates », illustrations gravées
sur cuivre, précédées d’un texte de commentaire,
ou Pierre Le Muet qui ajoute à son édition de Vignole
en 1632 neuf portes de sa composition. Dans le texte préliminaire
il explique les mesures et proportions géométrales «
de plusieurs parties de bâtiments faites par les règles
de l’architecture antique ». Il développe longuement
la manière de convertir le module ou demi-diamètre de
la colonne en pieds ou pouces « afin de s’accommoder à
la manière de mesurer la plus en usage parmi le commun des ouvriers
». Le module vaut ainsi 1 pied ou 12 pouces. Frédérique Lemerle (Cnrs, Cesr, Tours) – 2009 Bibliographie critique
A. Blum, L’œuvre gravé d’Abraham Bosse, Paris, Morancé, 1924. G. Duplessis, « Catalogue de l’œuvre de Abraham Bosse », Revue universelle des arts, Paris, 1859. M. Le Blanc, notice 290 du catalogue d'exposition Abraham Bosse savant graveur, Tours, vers 1604-1676, Paris, S. Join-Lambert & M. Préaud (éd.), Paris/Tours, Bibliothèque nationale de France/Musée des Beaux-Arts de Tours, 2004. F. Lemerle, « Les livres d’architecture du graveur Abraham Bosse », J.-P. Garric, É. d'Orgeix & E. Thibault (éd.), Le livre et l’architecte, Wavre, Mardaga, 2011, p. 173-179. R.-A. Weigert, Inventaire du fonds français. Graveurs du
XVIIe siècle, 1, Paris, Bibliothèque nationale,
1939, p. 471-534.
Notice Representations geometrales de plusieurs parties de bastiments faites par les reigles de l’architecture antique et de qui les mesures sont reduittes en pieds poulces et lignes, afin de s’acommoder à la maniere de mesurer la plus en usage parmy le commun des ouvriers / par A. Bosse. – A Paris : chez l’auteur, 1659. – Page de titre, II planches de texte gravé, 11 planches de figures gravées en taille-douce. À la suite des 10 planches numérotées de portes, 1 planche de porte supplémentaire, de mêmes dimensions, avec mention de privilège 1659, non numérotée. La plupart des planches portent une mention de privilège datée de 1659 et 1660. Inventaire du fonds français... XVIIe siècle, Bosse n°771-784 ; Fowler 63 ; RIBA 340 ; Berlin Katalog 3858. Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, 188 A 7 (in-4°). *Notes : - Relié à la suite du Traité sur la pratique des ordres de colomnes, et Des ordres de colonnes en l’architecture, dans une demi-reliure moderne (41 x 25,5 cm). |