GALLIA ROMANA

DLF XVII^e siècle, p. 563-564 ; Étienne 1962, p. 191-195 ; Lemerle 2005, p. 104-105

« Le Palais Gallienne fut jadis un Amphitheatre à quatre cens pas de la ville ; de ce temps-là, il y avoit six murailles l’une autour de l’autre, faictes de semblable matiere & ordonnance [450] que les murailles de la vieille ville ; (desquelles nous parlerons cy-dessous) & de ces six celle de dehors est encore la plus haute, de trois grands pieds d’espesseur : & de là viennent les autres en abaissant peu à peu jusques à la derniere du dedans qui n’a pas plus de deux pieds d’epesseur. Entre lesquelles deux y a environ nonante & six pieds. Il y a deux portaux, un de chaque bout, par où est la longueur de l’Amphiteatre, laquelle longueur dedans la sixiesme muraille a trois cens septante pieds de largeur, de cette longueur deux cens trente, ainsi que les Amphiteatres se faisoient de forme d’œuf anciennement ; cét (sic) édifice icy tant bien fenestré a aussi beaucoup donné à songer au monde, & se sont finalement trouvez d’habiles hommes & deçà & delà les Pyrenées, qui nous en ont fait de beaux contes, que je serois bien marry d’avoir icy recitez : J’escrirois plustost qu’il eût esté ainsi appellé du nom de Gallienus, que de quelque femme Galiena, ou Galiana. Car Rome avoit un Empereur nom[451]mé Gallienus l’an de Jesus-Christ deux cens cinquante-sept, auquel temps les Romains estans encore maistres de la Guyenne il y eut un Senateur Romain nommé Tetrique, lequel fut en son absence esleu Empereur par les gens d’armes, qui ne pouvans plus supporter la vie dissoluë de Galienus, le contraignirent de prendre le manteau d’escarlatte dans la ville de Bordeaux, & se porter pour Empereur, ainsi qu’écrit Eutrope : Je penserois, dis-je, plustost que cét (sic) Amphiteatre eût esté basty sous l’Empire de Galienus, & qu’on luy eût de là baillé tel nom : mais on l’appelle aussi Arenes, comme celuy de Poictiers, & de Nismes : & il a pris ce nom des vieux instrumens Latins de Sainct Simon qui est pres de là, lequel nom d’Arenes est venu de ce que les anciens pavoient de sable ou Arene les lieux où ils faisoient leurs joustes & tournois : comme nous en pavons auiourd’huy nos lices. »