LES LIVRES D’ARCHITECTURE



Auteur(s) Vitruve
Titre De architectura libri decem
Adresse Florence, s.n., 1496
Localisation
Munich, Bayerische Staatsbibliothek, 2 Inc. c.a. 367 1a
Mots matière Architecture
Transcription du texte

English

     L’édition florentine de 1496 dérive directement de celle de Sulpizio. On y retrouve la même réticence à l’égard des mots grecs, qui sont généralement transcrits en caractères latins, et les épigrammes du livre VIII restent suggérées là aussi par des espaces vides. On rencontre, après la page de titre, la liste des livres avec l’énoncé de leur contenu en latin, auquel s’ajoutent des numéros de chapitres. Ceux-ci apparaissent plus nombreux que dans l’ordonnance qui prévaudra progressivement à partir de 1511 (édition de Fra Giocondo), car l’auteur considère comme des chapitres à part entière les principaux paragraphes des grandes préfaces, telle celle du livre IX, et il a tendance à subdiviser certains chapitres fort longs qui comportent le traitement de plusieurs types d’édifices ; ainsi le livre I contient onze chapitres au lieu de sept, et le livre X dix-neuf au lieu de seize. Une pagination constituée de la lettre majuscule correspondant au livre (A pour I, B pour II, etc.) et d’un numéro de folio faciliterait la consultation et l’enregistrement des références, si le système était appliqué dans l’ensemble du volume, ce qui n’est pas le cas. L’absence de frontispice rend difficile l’identification de l’imprimeur ; plusieurs noms ont été proposés, De Arigis (ou De Aligi), ou Christophorus de Pensis, qui apparaît sur un exemplaire de la Biblioteca Casanatense de Rome. La date et le lieu de l’édition sont mentionnés à la fin du livre X : Florence, 1496.
Lucia Ciapponi a relevé les principales modifications, les mutationes exiguae de Poleni, opérées dans ce volume par rapport à l’édition princeps. Elles sont de quatre ordres : comblement de certaines lacunes, dont quelques-unes importantes, comme en VII, praef. 14, où l’on observe la correction d’un saut « du même au même » qui avait privé la première édition d’un membre de phrase (« collecta in unum coegi corpus, et ideo maxime, quod animadverti ») ; variantes tirées apparemment d’autres manuscrits, différents de ceux de la famille du Harleianus 2767, comme en II, 3, 3 où le Lychum aberrant de l’édition princeps est remplacé par un Lydion plus satisfaisant ; conjectures, comme en I, 1, 16 de visu au lieu de divisus ; interpolations, comme en I, 1, 3. Ces corrections ou adjonctions, qui demeurent rares, ne modifient pas radicalement le texte ; elles prouvent tout de même qu’un véritable travail de vérification et de relecture a été effectué pour cette deuxième édition, qui certes reste purement philologique, mais permet d’enregistrer quelques progrès dans la compréhension de l’ensemble.
À cela s’ajoute la présence de cinq illustrations, à vrai dire bien modestes, mais qui témoignent elles aussi d’un effort de clarification. Les deux premières sont placées à la fin du chapitre 10, c’est-à-dire entre les paragraphes 11 et 12 du chapitre 6 du livre I : il s’agit d’une représentation de la rose des vents avec, en dessous, la répartition des principaux axes viaires en fonction des mêmes vents. Les trois autres figurent au début du livre IX : fin du chapitre 1 (en réalité praef. 5) pour la démonstration de la méthode platonicienne de la duplication du carré, et fin du chapitre 2 (en réalité praef. 8) pour le théorème de Pythagore. Cette dernière illustration est dessinée deux fois avec des dimensions différentes. Ces graphiques sommaires sont censés donner une idée des formae ou schemata que Vitruve annonce au terme des passages en question. Sont reliés avec le De architectura le livre de Frontin sur les aqueducs et deux opuscules de Ange Politien. Ces regroupements témoignent du caractère essentiellement philologique des préoccupations des auteurs.

Pierre Gros (Aix-en-Provence, IUF/ Institut de France) – 2012

 

Bibliographie critique

L. A. Ciapponi, « Fra Giocondo da Verona and his edition of Vitruvius », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 47, 1984, p. 73 et appendix IA.

L. Marcucci, « Regesto cronologico e critico », L. Vagnetti et al. (éd.), 2000 anni di Vitruvio (Studi e documenti di architettura, 8), Florence, Grafistampa, 1978, p. 30-31.

M. Tafuri, L’architettura del Manierismo nel Cinquecento europeo, Rome, Officina, 1966, p. 191-192.