LES LIVRES D’ARCHITECTURE
Notice détaillée
Auteur(s) |
Saint-Aignan, Sébastien de |
Titre |
Maximes et exemples d’architecture |
Adresse |
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Localisation |
Orléans, Médiathèque, ms. 441 (371) |
Mots matière |
Architecture |
Consultation de l’ouvrage
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Transcription du texte
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English
La date de naissance, l’origine familiale et la formation de Sébastien Chaitegnay (Chaistegnay ou Chatinier) demeurent inconnues. Selon ses propres mots, repris par son historiographe Cosme de Villiers au XVIIIe siècle, il serait né à Amboise. La première mention de son activité est liée à la personnalité de Maximilien de Béthune, pour lequel il aurait dirigé le chantier du château de Sully-sur-Loire durant les dernières années de la décennie 1610. En 1620, il prononça ses vœux et devint frère lai de l’ordre des Carmes déchaussés de la province de Touraine, sous le nom de Sébastien de Saint-Aignan. Architecte itinérant de l’ordre, il travailla ainsi à Paris (couvent des Billettes), en Île-de-France, dans la vallée de la Loire, mais aussi dans les Flandres et aux Pays-Bas. Son activité le conduisit également à œuvrer pour d’autres ordres (Minimes, Chartreux, Bénédictins). Sa carrière ne semble pas tournée vers la création architecturale, mais plutôt vers l’expertise. Ses réalisations, si elles furent nombreuses, paraissent cependant relativement modestes. Elles se limitèrent le plus souvent au suivi du gros œuvre, à l’érection d’autel et de retables, mais jamais à la conception d’églises ou de monastères complets.
En 1644, il se fixa à Orléans et participa à la reconstruction de l’église Notre-Dame des Carmes. À partir des années 1650, il entreprit la rédaction de deux traités, l’un sur la peinture intitulé La Seconde Nature, l’autre sur l’architecture, auxquels il travailla jusqu’à sa mort en 1669.
Les Maximes et exemples d’architecture, commencés en 1654, témoignent des connaissances acquises lors de ses voyages, mais aussi d’une solide érudition classique. L’auteur s’inspire en effet du De architectura de Vitruve et se place dans la tradition des grands traités d’architecture de la Renaissance, notamment ceux de Serlio, De l’Orme ou Palladio auxquels il fait de nombreuses allusions. Il procède par compilation des textes antérieurs à son siècle, qu’il augmente de son témoignage et de son expérience. Selon Christian Guémy, l’ouvrage ne fut pas rédigé d’un seul trait et se compose de cinq parties : généralités de l’architecture, architecture privée, édifices publics sacrés et profanes, spécificités de l’architecture et enfin sciences appliquées et techniques périphériques à l’architecture. Les différentes parties sont de taille et de qualité inégales, et l’équilibre semble souvent fragile entre théorie et pratique. Il apparaît que Saint-Aignan a cherché à n’omettre aucune des parties de l’architecture, dans un souci encyclopédique avant la lettre, où à côté de l’architecture proprement dite il s’intéresse aux sciences les plus diverses (ingénierie hydraulique, optique, gnomonique, histoire, géographie, législation édilitaire...).
Mais le livre de frère Sébastien peut être aussi envisagé sous un autre angle, plus historique et biographique. L’ouvrage est en effet le reflet de l’époque où l’architecte écrit. La ville d’Orléans avait été considérablement marquée par les guerres de Religion de la seconde moitié du XVIe siècle. Avec la pacification du royaume à partir des années 1600, elle vit se développer sous la protection du roi et des grandes familles une vie religieuse brillante. Ainsi la part dévolue à l’architecture religieuse fut extrêmement importante ; elle correspond d’une part à la ferveur de la Réforme catholique dans la première moitié du XVIIe siècle, livrant un important exemple d’une architecture empreinte de théologie, et elle renseigne d’autre part sur la floraison monastique et sur la frénésie de construction à Orléans à cette époque. Les Maximes et exemples d’architecture apparaissent ainsi comme une source de première importance pour l’étude de l’histoire de la ville durant la première moitié du XVIIe siècle, notamment pour des réalisations aujourd’hui disparu (collège des Jésuites, Chartreuse, collège des Récollets, couvents des Visitandines et des Minimes). Elles livrent aussi d’importantes informations sur les contemporains de Sébastien de Saint-Aignan, qu’il fréquenta pour certains, Jacques Lemercier, Étienne Martellange, François Derand, Paul de Brosse ou Jean Barbet. Elles éclairent enfin le milieu intellectuel dans lequel il gravitait, celui des érudits du collège des Jésuites de La Flèche, et notamment le cercle de Girard Desargues ou du père minime Marin Mersenne, ami de Descartes, dont il se réclame dans ses Maximes.
L’œuvre Sébastien de Saint-Aignan resta à l’état de manuscrit. Certaines indications semblent suggérer que son auteur n’avait pas l’intention de publier immédiatement son traité.
Michaël Decrossas (EPHE, Histara, Paris) – 2012
Bibliographie critique
C. Guémy, « 1646, Les Carmes déchaussés ou les Petits Carmes », À l’ombre des Rois. Le Grand Siècle d’Orléans, catalogue de l’exposition tenue au musée des Beaux-Arts d’Orléans, 29 juin-31 décembre 1999, Orléans, 1999, p. 134-135.
C. Guémy, Frère Sébastien de Saint-Aignan, architecte du Carmel de Touraine, Diplôme d’études approfondies, sous la direction de Claude Mignot, Université François Rabelais, Tours, 1999.
C. Guémy, « Un traité de peinture manuscrit resté inédit : la Seconde Nature du frère Sébastien de Saint-Aignan », XVIIe siècle, 230, 2006-1, p. 71-79.
P.-A. Leroy & H. Herluison, Frère Sébastien de Saint-Aignan, de l’ordre des Carmes, architecte, Orléans, Herluison, 1896.
Notice
Maximes et exemples d’architecture, nombre de belles choses, agréable aux curieux de l’art, 1654-1669.
382 folios de textes et dessins (187 planches de figures à la plume avec rehaut bleu et 2 avec rehaut de couleurs). - in- 4° (290 x 197 mm.).
Titre dessiné à la plume avec rehaut bleu, portant la date de 1660 ; rajouté ultérieurement : « Grands Carmes d’Orléans 1693 ».
Orléans, Médiathèque, ms. 441 (371).
*Note :
- Reliure plein cuir.
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