LES LIVRES D’ARCHITECTURE



Auteur(s) Marot, Jean
Le Jeune de Boulencourt
Titre
Description générale de l’hôtel des Invalides...
Adresse Paris, chez l’auteur, 1683
Localisation Paris, Binha, Num Fol Est 144
Mots matière Églises, Hôpitaux
Transcription du texte

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     Décidée en 1670 par Louis XIV, la construction de l’Hôtel royal de Invalides fut placée sous la responsabilité de Louvois. Ce dernier s’adressa dans un premier temps à l’architecte Libéral Bruand, qui venait de conduire le chantier de l’hôpital de la Salpêtrière. Le projet était complexe. L’architecte conçut dans un premier temps son programme sur le modèle de l’Escorial : un vaste rectangle englobant cours et bâtiments, qui devait être prolongé dans l’axe principal par une église saillante sur la face postérieure de l’édifice. Les travaux commencèrent rapidement mais, dès 1673, Bruand modifiait le dessin de la façade. Toutefois en 1676, alors que les constructions avançaient et que les premiers pensionnaires étaient accueillis, Bruand fut remplacé à la tête du chantier par Jules Hardouin-Mansart, qui en modifia sensiblement le parti, notamment au niveau du chœur de l’église et dans les parties hautes.
La commande à Jean Marot des planches gravées du nouvel édifice avait été passée en 1677, si l’on en croit les comptes de l’établissement (SHAT, IXy 18, compte de 1677, f° 110). À cette date Marot recevait « 75 livres pour avoir gravé la moitié du plan de la grande église dud. hôtel et en avoir fourny cinquante exemplaires ». Toutefois, sur les dix-huit planches que compte le recueil, cinq ne sont pas de Marot. Il semble probable que la mort du graveur en 1679 en interrompit la réalisation. L’hypothèse semble confirmée par le privilège accordé le 6 mai 1683 à Le Jeune de Boulencourt : « Nostre cher & bien amé le sieur Le Jeune de Boullencourt, cy-devant secrétaire de notre Hostel Royal des Invalides, Nous a présenté que par nos Lettres Patentes du huitième may 1680, Nous aurions accordé au feu sieur … La permission de faire graver & imprimer les desseins, plans & élévations tant géométriques qu’en perspectives & vûës de nostre Hostel Royal des Invalides & de ses dépendances ; lesquels ouvrages n’ayant pû être finis du vivant dudit... ledit Boullencourt Nous auroit très humblement supplié de luy vouloir accorder le privilège & permission de mettre à exécution ces ouvrages, & de faire achever ce qui reste à graver desdits desseins, plan & élévations tant géométriques qu’en prespectives & vûës de nostredit Hostel et de ses dépendances, & d’y adjoindre un Recueil qu’il a fait des statuts, réglemens & autres pièces concernant l’établissement dudit Hostel, & iceux exposer en vente, & distribuer par telle personne qu’il jugera à propos pendant le temps de vingt année. Et désirant gratifier & traiter favorablement ledit sieur de Boullencourt en considération de ses services, & contribuer à l’achèvement d’un dessein si utile, & qui sans cela demeureroit imparfait ». Le nom de celui à qui avait été donnée la première autorisation de publier des planches est malheureusement laissé en blanc. Le fait que les planches n’aient pas été achevées pourrait suggérer qu’il s’agissait bien de Marot, quoique la date du premier privilège (1680) soit postérieure à sa mort.
Quoi qu’il en soit, Boulencourt reprit le projet et le mena à bien en publiant dès 1683 sa Description générale de l’hôtel des Invalides établi par Louis le Grand dans la plaine de Grenelle près Paris avec les plans, profils et élévation de ses faces, coupes et appartements, qui s’appuyait sur les gravures de Jean Marot et les trois autres commandées à Daniel Marot, Jean et Pierre Le Pautre. La date pourrait d’ailleurs laisser penser que Boulencourt n’avait pas attendu d’avoir l’accord royal pour faire réaliser les gravures manquantes.
Comme l’a récemment souligné Bertrand Jestaz, les planches de Marot rendent compte du projet avec une infinie précision, qui semble indiquer qu’elles furent exécutées à partir des dessins mêmes de l’architecte et sur le vif. Elles comprennent les plans (pl. 1 à 7) et les élévations et profil (pl. 10 à 17). Pierre Le Pautre fournit une « Veüe en perspective de l’élévation générale de l’Hôtel », Daniel Marot en donne une seconde et Jean Le Pautre, une gravure du « Réfectoire des Invalides ».
Les planches furent rééditées après 1711.

Michaël Decrossas (EPHE, Histara, Paris) – 2013


Bibliographie critique

A. Bérard, Catalogue de toutes les estampes formant l’œuvre de Jean Marot architecte et graveur, précédé d’une notice sur sa vie et ses œuvres, Paris, Morel & Cie, 1864.

B. Jestaz, L’Hôtel et l’église des Invalides, Paris, CNMHS, 1990.

B. Jestaz, Jules Hardouin-Mansart, Paris, Picard, 2008, p. 111-126.

A. Mauban, Jean Marot architecte et graveur parisien, Paris, Les éditions d’Art et d’Histoire, 1944.