LES LIVRES D’ARCHITECTURE

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     Grégoire Huret, né à Lyon en 1606 et mort à Paris en 1670, est un dessinateur et graveur reçu comme tel à l’Académie royale de Peinture en 1663, à la place d’Abraham Bosse, chassé de la docte assemblée en 1661. À la fin de sa vie, il s’engagea dans une vive polémique avec ce dernier sur des questions de perspectives. Son Optique de portraiture (1670) développe une doctrine qui s’oppose à la méthode que Bosse avait enseignée à l’Académie. Son intérêt pour les questions de perspective motive aussi la rédaction de la La regle precise, pour descrire le profil eslevé du fust des colomnes, qui est une tentative d’application des règles de perspective et de géométrie à la représentation de l’architecture, des ordres de colonnes en particulier. Selon Huret, ces règles ne peuvent concerner que les artefacts, car pour les figures naturelles, « la géométrie n’a aucun pouvoir, à cause que tous les contours desdites figures sont courbes inconnues et nuances perpétuelles » (Avant-propos, p. 2). Il ne sera donc question que d’« architecture décorable ». Le traité, assez bref, se divise en deux parties. La première, technique, expose selon la méthode mathématique les règles de tracé de l’ordre dorique. Dans le seconde intitulée « de la disposition des ordres d’architecture » (p. 11), l’auteur revient à des problèmes généraux sur l’emploi des ordres : condamnation du toscan et du composite (dans la lignée de Fréart de Chambray), problèmes de mise en place des colonnes doriques par rapport à la distribution des triglyphes, pertinence des piédestaux, structure des façades. Sa conclusion est paradoxale mais logique de la part d’un graveur. Puisqu’en matière d’architecture, « il se peut dire encore cent choses là dessus qui sembleront raisonnables, auxquelles néanmoins il y aura du pour et du contre. Donc qui voudra s’arrêter à tous ces avis ne conclura jamais rien », il faut admettre que l’art de bâtir n’est qu’une partie de l’art de portraiture, « lequel est véritablement le roi des arts ».

Yves Pauwels (Cesr, Tours) – 2013

Bibliographie critique

A. L. Clarck Jr., « La passion de Madrid : Grégoire Huret dessinateur. Réflexions sur son invention, sa narration, son style et sa méthode », Nicolas Sainte Fare Garnot (éd.), Dessins français aux XVII^e et XVIII^e siècles, Paris, École du Louvre, 2003.

E. Brugerolles & D. Guillet, « Grégoire Huret, dessinateur et graveur », Revue de l’Art, 117, 1997, pp. 9-35.