LES LIVRES D’ARCHITECTURE
Georges Fournier, né le 31 août 1595 à Caen, est le fils de Claude Fournier, originaire de Bourgogne, professeur en droit à l’université de Caen. Georges fait ses études dans sa ville natale, au collège du Mont alors récemment confié aux Jésuites. Ce collège n’ayant pas de classes supérieures, il est envoyé au réputé collège de La Flèche pour y faire sa philosophie. Ces années d’études au contact des Jésuites, décisives pour sa formation, éveillent chez le tout jeune homme un ardent désir d’entrer dans la Compagnie. Mais ce projet se heurte au refus catégorique de son père pour qui une carrière juridique s’impose. Georges Fournier s’y applique un temps, mais l’abandonne pour entrer à vingt-deux ans au noviciat de la Province Gallo-Belge à Tournai (1er octobre 1617) où il reste un an. Il poursuit pendant un an encore ses études d’humanités supérieures au collège de Lille, dans la province de France. Comme le veut le règlement de la Compagnie et l’ordre des études (Ratio studiorum), il occupe la charge de régent de grammaire au collège d’Eu de 1620 à 1624, puis entame ses trois années de théologie au collège de La Flèche, pour les terminer à celui de Bourges en 1627. Après sa troisième année de probation et un an de régence à Rouen, il retourne à La Flèche de 1628 à 1633 pour y professer les mathématiques. De 1633 à 1636, il est professeur de mathématiques à Dieppe. En effet, il avait été attaché dès 1633 au service d’Henri d’Escoubleau de Sourdis (1593-1645) archevêque de Bordeaux et chef du conseil du roi en l’armée navale. Fournier fait campagne avec ce prélat sur le Corail et le Saint-Louis contre les Espagnols en 1638 puis en 1640 et 1641. Fournier est un des premiers aumôniers de la Marine royale, et un des premiers Jésuites à s’intéresser véritablement à la formation des officiers de marine. De 1639 à 1644, il enseigne les mathématiques à Hesdin. Mais en 1641, la disgrâce de Sourdis le rend définitivement au collège de Hesdin, puis à celui de La Flèche. Il compose alors, tant pour les officiers de marine que pour les jeunes gens qui se destinent au métier des armes, des ouvrages d’une rare qualité pédagogique, tous publiés dans l’officine parisienne des Hénault. En 1642 est imprimée sa fameuse Hydrographie destinée aux officiers de marine, ce qui lui vaut d’être invité au collège de Clermont et d’y observer l’éclipse de lune du 13 avril 1642. Puis en 1644 paraît une édition latine, réordonnée et simplifiée des Élements d’Euclide pour les jeunes gens. En 1645-46, Fournier est nommé préfet des études du collège de Caen, puis en 1648-49 au collège d’Orléans. Il donne alors au public le premier volume de sa Geographica orbis noticia per littora maris (1648) et la première édition du Traité des fortifications ou architecture militaire, tiré des places les plus estimées de ce temps (1649). Ces ouvrages témoignent du souci d’une transmission intelligente des connaissances mathématiques nécessaires aux jeunes gens qui fréquentent les collèges. Le père Fournier meurt à La Flèche le 13 avril 1652 en laissant des manuscrits. L’un d’entre eux, transcrit par un mystérieux « L.M.S », Asiae nova descriptio in qua praeter Provinciarum situs et populorum mores mira deleguntur et hactenus inedita, sera publié en 1656 chez Mabre Cramoisy. Ce sont des notes de lecture qui témoignent d’une méthode de compilation critique exemplaire. C. Bousquet-Bressolier (École pratique des hautes études, Paris) – 2009 Bibliographie critiqueW. Audenaert, Prosopographia iesuitica Belgia antiqua, Louvain-Heverlee, College S. J., 1, 2000, p. 356. C. Bousquet-Bressolier, « Pédagogie de l’image jésuite : de l’image emblématique aux emblemata mathématiques », C. Bousquet-Bressolier (éd.), François de Dainville, un géographe pionnier de l’histoire de la cartographie et de l’éducation, Collection Études et rencontres de l’École des Chartes 15, 2004, Paris, École des Chartes, p. 143-166. C. Chabaud-Arnault, « Un aumônier de la flotte sous le règne de Louis XIII », L’université catholique (Lyon), 11, 1892, p. 375-391. F. de Dainville, La Géographie des humanistes, Bordeaux, Beauchesne, 1940, p. 257-276. F. de Dainville, « L’enseignement des mathématiques dans les collèges jésuites de France au XVIe et XVIIIe siècle (II) », Revue d’histoire des sciences, 1954, 7, 2, p. 109-123. P. Delattre, Mélanges biographiques, Archives jésuites de la Province de France, Vanves, Mss. SP1, t. 1, f° 122 (dossier personnel Georges Fournier : note de A. Ledoux). É. d’Orgeix, « Alain Manesson Mallet: portrait d’un ingénieur militaire dans le sillage de Vauban », Bulletin du comité français de cartographie, 195, mars 2008, p. 67-74. M. Jähns, Geschichte der Kriegswissenschaften, vornehmlich in Deutschland, Munich/Leipzig, R. Oldenbourg, 2, 1890 (rééd. : New York, 1966). K. Jordan, Bibliographie zur Geschichte des Festungsbaues von den Anfängen bis 1914, Marburg, Deutschen Gesellschaft für Festungsforschung e. V., 2003. L. Marini, Biblioteca istorico critica di fortificazione permanente, Rome, Mariano de Romanis e Figli, 1810 (rééd. : Bologne, Libreria Antiquaria Bringenti, 1971). M. D. Pollak, Military Architecture Cartography and the Representation of the Early Modern European City : A Checklist of Treatises on Fortification in the Newberry Library, Chicago, Chicago University Press, 1992, n° 23. M. Prevot, R. d’Amat & H. Tribout de Morembert, Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey et Ané, 14, 1979, col. 833-835. Ratio Studiorum. Plan raisonné et institutions dans la Compagnie de Jésus, édition bilingue présentée par A. Demoustier et D. Julia, traduite par L. Albrieux et D. 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