LES LIVRES D’ARCHITECTURE
Contrairement à la seconde édition du Parallèle donnée par François Jollain en 1689, l’édition publiée en 1702 est très fidèle au texte original. La page de titre reprend ainsi le titre complet avec les deux parties ; seule la dédicace de Fréart de Chambray à ses frères a été supprimée. Les éditeurs reproduisent les planches originales « augmentées de dix autres representant en grand le Piédestal de la Colonne Trajane de Rome, & de plusieurs autres Tailles-Douces » dues comme les premières à Charles Errard (1606-1689) qui ne trouva pas le temps de réimprimer l’ouvrage comme il en avait eu le dessein, qu’ils ont pu acquérir de sa succession. Le frontispice avec le premier mot du titre, les médaillons d’Henri IV, de Louis XIII et le buste de Louis XIV, est également nouveau, tout comme sont inédites quatre planches pleine page (p. 9, 36, 115, 117) et les très belles vignettes placées en tête des chapitres et à la fin de certains. Une table des matières est ajoutée à la fin de l’ouvrage. Il faut noter que la planche des cinq ordres qui conclut le premier chapitre (p. 9) est inspirée par Scamozzi. L’ouvrage, luxueux pour être « utile » et « agréable » – les planches originelles, gravées au trait, ont été ombrées – paraît sous les auspices de Jules Hardouin Mansart, surintendant des Bâtiments du roi, dont les réalisations « apprendront à la Postérité que son beau genie ne doit rien à celui des Anciens » (ibid.). Le surintendant affirme dans l’« Approbation » qu’il a lui-même toujours fait grand cas du Parallèle, surtout pour ses copies exactes de l’antique. Il ne pouvait qu’apprécier la qualité des relevés de la colonne Trajane qui enrichissent la nouvelle édition. En tant que directeur de l’Académie de France à Rome, Errard avait supervisé à partir de 1667 la campagne de moulages des bas-reliefs de l’édifice. On sait que lors de leur voyage en Italie en 1640 Chambray et son frère Chantelou avaient été chargés de convaincre Poussin de revenir en France décorer la Grande Galerie du Louvre et pour aider à sa décoration avaient été chargés de « ramasser tout ce que le temps et l’occasion de notre voyage [...] put fournir des plus excellents antiques, tant d’architecture que de sculpture » dont « soixante-dix bas-reliefs de la colonne Trajane ». Frédérique Lemerle (Cnrs, Cesr, Tours) – 2011 Bibliographie critique
R. Fréart de Chambray, Parallèle de l’architecture antique avec la moderne (Paris, 1650), Édition critique établie par F. Lemerle, suivie de l’Idée de la perfection de la peinture, édition établie par M. Stanic, Paris, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 2005. F. Lemerle, « Fréart de Chambray ou les enjeux du Parallèle », XVIIe siècle, 196, 1997, p. 419-453. F. Lemerle, « À l’origine du palladianisme européen : Pierre Le Muet et Roland Fréart de Chambray », Revue de l'art, 178, 2012-4, p. 43-47.
Notice Parallele de l’architecture antique et de la moderne avec un recueil des dix principaux auteurs qui ont écrit des cinq ordres... Planches originales augmentées de dix autres representant en grand le piédestal de la colonne trajane de Rome, et de plusieurs autres en tailles-douces. A Paris : chez Pierre Emery, Michel Brunet et la veuve de Daniel Horthemels, 1702.
|