LES LIVRES D’ARCHITECTURE



Auteur(s) Desgodets, Antoine
Titre Les edifices antiques de Rome...
Adresse  
Localisation Paris, BnF, ms. fr. 381 (Gallica)
Mots matière Édifices antiques
Transcription du texte

English

     Le manuscrit français 381 constitue le manuscrit définitif des Edifices antiques de Rome d’Antoine Desgodets. Il provient de la bibliothèque personnelle de Colbert, auquel il fut sans doute donné par l’auteur lui-même. Il est donc postérieur au manuscrit 2718 de l’Institut de France, bien qu’aucune référence le concernant n’apparaisse dans les procès-verbaux de l’Académie Royale d’Architecture. Il a donc pu être constitué entre 1678, date des dernières recommandations de l’Académie Royale d’Architecture et janvier 1679, date à laquelle les comptes des bâtiments du Roi (édition Jules Guiffrey, col. 1088) mentionnent le paiement des premières gravures à Nicolas Guérard. Il s’agit de la mise en forme définitive des travaux entrepris par Desgodets à Rome entre 1674 et 1677. Le texte est identique à l’édition de 1682 et les 138 planches l’accompagnant ont servi aux neuf graveurs du Roi chargés de transformer les dessins au lavis en gravures sur cuivre. Ce manuscrit est sans aucun doute le résultat des corrections et indications données à Desgodets par l’Académie Royale d’Architecture qui avait minutieusement étudié ses premiers dessins à partir du 13 décembre 1677. L’Académie avait souhaité réduire à la même échelle certains relevés de Desgodets pour pouvoir mieux les comparer avec les auteurs qui l’avaient précédé comme Serlio, Labacco, Fréart de Chambray et surtout Palladio. Suivant les conseils des académiciens, Desgodets a consacré de nombreuses illustrations aux détails des ordres d’architecture. Ceux-ci sont illustrés par de nouvelles méthodes de représentation telles que les dessins « par le milieu » du profil des chapiteaux des pilastres et des colonnes (Panthéon, temple de Saturne [temple de la Concorde], temple d’Antonin et de Faustine) et souvent accompagnés d’un « dessin sur l’angle » des chapiteaux des colonnes. Desgodets s’est abstenu de faire des restitutions des divers monuments antiques comme avaient pu le faire ses prédécesseurs. Cette attitude est sans doute également imputable aux membres de l’Académie puisque le recueil de l’Institut présentait plusieurs tentatives de restitutions, lesquelles ne seront pas reprises dans le manuscrit définitif. Il en est ainsi de la couverture du temple de Vesta à Tivoli, du plan du « temple de la Paix » [basilique de Maxence] qui sont vraisemblablement inspirées du livre IV de Palladio, et du « temple de Bacchus » [Sainte-Constance]. Desgodets s’est attaché à une représentation objective des ruines telles qu’elles se présentaient au visiteur. Une grande partie de son texte est consacrée à l’étude des variantes par rapport aux auteurs précédents et plus particulièrement à Palladio. Dans ses commentaires Desgodets mentionne deux types de divergences : la représentation exacte ou « dessein » des édifices antiques et l’exactitude de leurs mesures. Ce travail comparatif avec Palladio est en réalité entaché d’une erreur importante relative à la longueur réelle du pied vicentin empruntée en réalité à Fréart de Chambray (0,352 m) et non vérifiée in situ (0,357 m) laquelle rend caduc tout effort de comparaison. Malgré les remarques de Desgodets, il est probable que les mesures de Palladio sont plus proches des siennes que ce qu’il expose dans ses longs commentaires. De même son travail comparatif avec Serlio et Fréart de Chambray ne pouvait qu’être approximatif du fait de la complexité des opérations que Desgodets avait dû effectuer durant les deux ans consacrés à ce travail. Pour Fréart de Chambray, l’auteur eut en effet à convertir en pieds-du-roi les mesures indiquées uniquement en modules sur les gravures du Parallèle de l’architecture antique et de la moderne. Pour Serlio, il lui fallut convertir en modules puis en pieds-du-roi les mesures indiquées en palmes romains antiques dans le texte (et non pas sur les gravures elles-mêmes), du Terzo libro (1540). Si Desgodets peut être loué dans sa recherche de précision dans le relevé des monuments antiques et leur représentation, on peut sérieusement mettre en doute aujourd’hui la validité scientifique de l’ensemble de son travail comparatif lequel, il est vrai, n’intéressera que peu la postérité. Le manuscrit de la Bibliothèque Nationale de France consacre ainsi l’apogée de quatre années de travail intensif de mise en forme et d’analyse minutieuse des mesures des édifices antiques de Rome.

Louis Cellauro, Gilbert Richaud (Lyon) – 2015

Bibliographie critique

L. Cellauro & G. Richaud, Antoine Desgodets : Les Edifices Antiques de Rome, Édition fac-similé du Manuscrit 2718 de l’Institut de France, avec transcriptions, annotations, et reproduction des planches du volume publié en 1682, Studi sulla cultura dell’antico, 7, Rome, De Luca Editore d’Arte, 2008.

L. Cellauro & G. Richaud, « Desgodets et Palladio : les divergences dans les relevés des monuments antiques », dans R. Carvais (éd.), Les nouveaux savoirs de l’architecte moderne. Desgodets, entre théorie et pratique, actes du colloque organisé par l’INHA, 24-25 novembre 2014, à paraître.

H. Lemonnier, « Les dessins originaux de Desgodetz pour les edifices antiques de Rome (1676-1677) », Revue archéologique, Cinquième série, t. 6 (juillet-décembre 1917), p. 213-230.