LES LIVRES D’ARCHITECTURE



Auteur(s) Salomon de Caus
Titre La perspective...
Adresse Francfort, Vve Hulsius, s.d.
Localisation  
Mots matière Perspective
Consultation de l’ouvrage
Transcription du texte

English

     On connaît une troisième version de La perspective (Londres, 1612) qui porte au bas de la page de titre la mention « A fancfort (sic) ches la vesve de Hulsius ». La date de 1612 porte la trace d’une correction sur le 2. Il s’agit d’une impression partagée, en petit nombre d'exemplaires, sortant des presses londoniennes de Richard Field, le reste ayant été imprimé à Bruxelles par Jan Mommaert (Mommart). Elle diffère des tirages de 1611 par Robert Barker et de 1612 par John I Norton dans l’illustration. Ainsi pour la planche illustrant une première méthode « Pour mettre une superficie plane quarree en racourcissement » (ch. 1), il y a trois changements signifiants de la figure : les points « de haulteur » et « d’eslongnement », qui définissent la hauteur de l’œil au-dessus de son pied ponctuel dans le géométral et son éloignement du tableau perpendiculairement à celui-ci, y sont représentés sur une figure humaine portant équerre et compas ; les vues en plan (« Ingnografie » [sic]) et de profil (« Ortografie »), séparées dans l’édition de 1611, ont été regroupées en un même schéma en 1612, selon un principe rompant avec celui d’Alberti pour sa « construction légitime », qui séparait les deux vues et les coordonnait comme dans la méthode dite « de double projection » ; cette rupture avait été consommée en leur temps par Piero della Francesca, qui considère le côté du tableau vu de face comme une vue de profil de lui-même, puis par Gauricus, qui utilise (comme ici) une ligne verticale médiane du carré comme simulacre de cette vue de profil. C’est encore cette dernière méthode que l’on retrouve plus tard chez Vignole, dont la lecture a pu ici inspirer ce remords. Mais le procédé, chez Salomon de Caus, n’est pas un point de départ pour une méthode de construction par réticulage du sol mais plutôt un premier exemple, avant usage systématique, de la double projection. D’autre part, le mot « scénographie » (« Senografie) » de la version primitive disparaît dans la figure de 1612, de même que celui de « ligne taillee » : la ligne de terre est repérée, comme en 1611, par les deux lettres L et I. Dans la variante de 1612, le point de vue choisi est centré, latéralement : l’œil fait face à la médiane MN du carré (qui porte aussi le nom GI pour permettre de laisser le commentaire en regard inchangé), absente en 1611, choisie pour opérer le relevé de la grandeur raccourcie, ce qui conduit à une perspective du carré en forme de trapèze isocèle, alors que dans la version primitive de 1611, la position scalène de l’œil donne une image du carré en forme de trapèze quelconque.

Jean-Pierre Le Goff (IREM & RDLI-LASLAR,
Université de Caen Basse-Normandie) – 2011

 

Bibliographie critique

A. Marr, « A Duche graver sent for : Cornelis Boel, Salomon de Caus, and the production of La perspective avec la raison des ombres et miroirs », T. Wilks (éd.), Prince Henry Reviv'd : Image and Exemplarity in Early Modern England, Londres, Paul Holberton Publishing, 2007, p. 212-238.

A. W. Pollard, G. R. Redgrave, W. A. Alexander, F. S. Ferguson & K. F. Pantzer (éd.), A short-title catalogue of books printed in England, Scotland, & Ireland and of English books printed abroad, 1475-1640, Londres/New York, The Bibliography Society Oxford/Oxford University Press, 1986, 1, n° 4869 (1ère éd. : Londres, 1926).