LES LIVRES D’ARCHITECTURE
Auteur(s) |
Catherinot, Nicolas |
Titre |
Traité de l’architecture |
Adresse |
s.l.s.n., 1688 |
Localisation |
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Mots matière |
Architecture |
English
Nicolas Catherinot, né au château de Lusson en Berry en 1628, fit son droit à Bourges puis à Paris où il fut reçu avocat ; de retour à Bourges en 1650, il y exerça les charges d’avocat du Roi et conseiller au présidial et bailliage de la ville, où il mourut en 1688. Universellement curieux, il rédigea quantité de mémoires sur les sujets les plus divers. Dans ses Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres, Jean-Pierre Niceron, un compilateur barnabite du XVIIIe siècle, ne recense pas moins de 118 ouvrages sortis de sa plume féconde. La rigueur n’est pas toujours le fort de Catherinot : « il y a dans ses nombreux écrits quelque chose de bon & de curieux ; mais cela est noyé dans un fatras d’inutilités, qui n’apprennent rien » (1734, p. 192). À ce point qu’il avait les plus grandes difficultés à trouver un libraire qui voulût bien s’occuper de ses livres ; devant les publier lui-même, il en était réduit à les faire courts, à n’utiliser que du papier de mauvaise qualité et à se dispenser de frontispice. C’est le cas pour le présent Traité d’architecture, publié en 1688, année de la mort de Catherinot, peu après un Traité de la Peinture publié en 1687 : l’ouvrage de 24 pages, sans illustrations, est même dépourvu de page de titre. L’auteur entre dans le vif du sujet sans aucune dédicace, privilège ni pièce liminaire.
Il ne s’agit pas d’un « traité » d’architecture à proprement parler. Catherinot, conscient de ses limites en la matière, reconnaît lui-même que son œuvre n’est pas parfaitement construite et qu’elle ne prétend pas former un architecte. Il s’agit d’un « mémoire » destiné à rappeler les « aménités de l’architecture » (p. 1). De fait, se succèdent des rubriques introduites par des titres (« Architectes anciens », « Architectes modernes », « Empereurs de Rome bâtisseurs », « Rois de France bâtisseurs »…), qui donnent davantage l’impression d’un memento, à l’instar des manuels rédigés par les pères jésuites pour leurs étudiants comme le chapitre consacré à l’architecture par le père Binet dans son Essai des merveilles de nature publié à de nombreuses reprises à partir de 1621. En bon lettré, Catherinot fait preuve d’une grande érudition, quelque peu hétéroclite toutefois. Pour l’architecture, il se réfère essentiellement à Vitruve par le biais de Philandrier, qu’il cite à plusieurs reprises ; mais il a lu aussi Fra Giocondo (« Frère Jocondi »), Serlio (« Serly ») ou Martellange. Sa connaissance de l’architecture réelle est assez disparate ; il mentionne volontiers les bâtiments de Bourges, Saint-Étienne (« un miracle d’architecture »), Saint-Médard, la Sainte-Chapelle du palais (« un chef-d’œuvre »), l’Hôtel-Dieu, etc. Ces appréciations témoignent de l’intérêt porté au gothique par les hommes de la fin du XVIIe siècle. La capitale du Berry est citée sur un pied d’égalité avec les antiques romains : « le réticulé se voit au Mausolée d’Auguste, au palais Pincien, au tombeau de Virgile et autres lieux d’Italie, et à Bourges aux anciens murs de la ville du côté de Saint Paul » (p. 6). Et Catherinot n’oublie pas de mentionner aussi l’architecte qui construisit en 1624 la galerie de l’hôtel des Échevins, « feu M. Jean le Juge, célèbre architecte à Bourges ».
L’opuscule de Catherinot se singularise par deux idées que l’on ne trouve nulle part ailleurs. La première est celle qui consiste à transférer aux ordres religieux la typologie stylistique que Serlio, à la suite de Vitruve, avait conférée aux ordres. De la même manière que l’on peut utiliser le dorique, l’ionique et le corinthien en fonction des caractères des saints que l’on veut honorer, on peut les adapter aux vertus des ordres religieux : « ainsi le toscan serait bon pour les religieux de saint François, l’ionique pour ceux de Saint Dominique et le corinthien pour ceux de Saint Benoît et de Saint Ignace » (p. 4). L’autre originalité concerne le traité d’Hugues Sambin, qui n’est pas nommément cité, mais bien reconnaissable : « Termes selon les 5 ordres de l’architecture ; j’en ai vu un ramas de 18 imprimé à Lyon en 1572. Le 1 représente Atlas et Atlantide, le 2 le Dolent et la Dolente, le 3 la Nudité, le 4 Hercule et Deianire, le 5 le Fainéant et la Fainéante, le 6 Adam et Eve, le 7 le Captif et la Captive, etc » (p. 4). Ces singulières précisions, totalement absentes de l’Œuvre de la diversité des termes, témoignent d’une belle imagination.
Yves Pauwels (Cesr, Tours) – 2011
Bibliographie critique
Biographie universelle ancienne et moderne…, 7, Paris, Michaud, 1813, p. 391.
E. Laboulaye, Les axiomes du droit français avec une notice sur la vie et les écrits de l’auteur par Edouard Laboulaye, et une bibliographie raisonnée des écrits de Catherinot par Jacques Flach, Paris, Larose et Forcel, 1883.
P. Niceron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la république des lettres. Avec un catalogue raisonné de leurs ouvrages, Paris, Briasson, 1734, 29, p. 191-217.
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