LES LIVRES D’ARCHITECTURE



Auteur(s) Blum, Hans
Titre Ein kunstrych Buch von allerley Antiquiteten...
Adresse Zurich, C. I Froschauer, [c1560]
Localisation Zentralbibliothek Zürich, 3.9, 2
Mots matière Édifices antiques, Ordres
Transcription du texte

English

     Publié comme le traité des colonnes par C. Froschauer à Zurich, Ein kunstrych Buch von allerley Antiquiteten en est le naturel complément. À l’instar de Serlio qui dans les Regole generali (Quarto libro) de 1537 amplifie l’exposé sur les cinq ordres par « gli essempi dell’antiquita », Hans Blum éprouve le besoin de présenter en parallèle aux cinq modèles théoriques des exemples antiques, qui apportent aux paradigmes grammaticaux toute une gamme de variantes, aussi bien morphologiques que décoratives. La référence aux ruines est parfaitement signalée par le paysage inséré dans l’architecture de la page de titre : l’image, signée du monogramme HB, est visiblement inspirée dans son principe de la page de titre du Terzo libro (1540) de Serlio, dans sa composition de paysages de ruines popularisés entre autres par les gravures de Léonard Thiry, reprises en 1550 par Androuet du Cerceau dans ses Duodecim fragmenta structuræ veteris. Livre des antiques, le kunstrych Buch s’inspire évidemment de Serlio, mais il complète l’information par des représentations issues probablement de carnets de dessins circulant en Allemagne. Il innove dans la présentation, puisqu’aux élévations géométrales il associe des vues en perspective à la manière des relevés du Codex Coner. Blum élimine l’ordre toscan car il n’y a pas dans les ruines romaines d’exemples de cet ordre qui se différencient clairement du dorique. En revanche, pour le dorique, il développe l’alternative classique entre les deux principaux vestiges, la basilique Æmilia et le théâtre de Marcellus. L’entablement de la première, présenté en perspective, avec son architrave à deux fasces, les bucranes et les patères de sa frise et les mutules de sa corniche apparaît au folio A3. Blum conjugue toutefois cet entablement avec un chapiteau original, plus proche d’un modèle « composé » de Serlio, avec un haut gorgerin orné de feuilles, que celui de l’édifice antique. Pour le théâtre de Marcellus, que l’on reconnaît au folio suivant, l’Allemand s’autorise quelque liberté en remplaçant les gouttes coniques de l’original par de petites clochettes. Au-dessous, il propose un entablement à consoles-triglyphes inspiré d’une porte du Quarto libro (f. 27). Suivent plusieurs modèles d’entablements sans triglyphes ni métopes, dont l’Allemand précise qu’ils pourraient être utilisés avec des colonnes ioniques. D’autres détails, chapiteaux, chambranles et moulures d’imposte, complètent les pages.
      Pour l’ionique et le corinthien, Blum reprend une grande planche répartie sur deux pages (page double pliée dans les éditions ultérieures) avec un modèle théorique empruntant des éléments aux deux modèles du traité des ordres. Plus que des exemples antiques, cette section présente des variantes théoriques : un chapiteau avec le détail du balustre et la volute de Serlio à 6 centres, une version plus simple à quatre centres et deux révolutions, avec un chapiteau sans coussinet ; un entablement à frise bombée et corniche à modillons ioniques (imités du temple de Saturne), une variante à frise plate, corniche à modillons ou denticule, architrave à deux ou trois fasces. Au folio D apparaît un entablement avec architrave à deux fasces, frise bombée et modillons en parallélépipèdes superposés, imité de l’Hadrianeum. Pour le corinthien, après un schéma de construction du tailloir et la grande planche, Blum ajoute plusieurs modèles d’entablements, avec denticule, modillons, denticule et modillons, ainsi que la corniche du temple de Sérapis. Le composite est traité plus rapidement, et Blum, comme Serlio, conclut par des règles de superposition des colonnes. Complément érudit du traité des colonnes (bien que les bâtiments antiques soient rarement nommés), avec un texte plus développé, l’ouvrage fut réédité trois fois par Froschauer avant d’être repris par Bodmer, son héritier, dans des éditions composites associant les deux traités de Blum à une série de gravures d’antiques réalisées par Rudolph Wyssenbach. En revanche, contrairement au Saülenbuch, il ne fut jamais traduit et son impact sur l’architecture européenne fut beaucoup plus limité.

Yves Pauwels (Cesr, Tours) – 2012

 

Bibliographie critique

E. Forssman, Säule und Ornament. Studien zum Problem des Manierismus in den nordischen Säulenbücher und Vorlageblättern des 16. und 17. Jahrhunderts, Stockholm/Uppsala, Almqvist & Wiksell, 1956, p. 75-79.

G. Germann, « Les contraintes techniques dans l’illustration des livres d’architecture du XVe au XVIIIe siècle », J.-M. Leniaud & B. Bouvier (éd.), Le livre d’architecture XVe-XXe siècle. Édition, représentations et bibliothèques, Paris, École des Chartes, 2002, p. 92-106.

H. Günther, Deutsche Architekturtheorie zwischen Gotik und Renaissance, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1988, p. 140-145.

A. Ruf, Die Säulenbücher des Meisters Hans Blum aus Lohr am Main 1550-1560, Lohr am Main, Geschichts- und Museumsverein Lohr am Main, 2006.

E. von May, Hans Blum von Lohr am Main. Ein Bautheoretiker der Renaissance, Strasbourg, Heitz/Mündel, 1910.