GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire, 49)
Sujet(s) Pseudo amphithéâtre
 
Auteur(s) Brackenhoffer, Élie
  Voyageur germanique (1618-1682)
Support Manuscrit
Date 1645
Inscription
Références Brackenhoffer 730, éd. Lehr 1927 p. 242-245
Bibliographie Provost 1988-2, p. 40 ; Lemerle 2005, p. 35, 117
Remarques

L’édifice de spectacle fut aménagé au XVe siècle dans une vaste carrière à ciel ouvert

Transcription 

« La petite ville est très vieille, comme la présence d’un amphithéâtre le prouve. [...]. L’amphithéâtre, qui est encore presque entier, est un bel et remarquable objet, et digne d’être vu. Il est taillé [243] dans le roc vif, et bien supérieur à celui de Nimes, car celui-ci a été élevé par l’art, celui-là en se servant de la nature. Il est taillé dans un rocher, mais comme dans le cours des âges il est tombé en ruines, on l’a réparé avec d’autres pierres, là où il en manquait. Il y a 22 degrés ou gradins ; le circuit ou circonférence, sur le gradin le plus élevé, a 173 de mes pas. Ce gradin supérieur comporte un large espace ou promenoir, large de quelques pas, qui est clos tout autour par un mur à hauteur d’homme. La forme n’est pas ronde, mais angulaire, toutefois elle parait ovale ou oblongue. Au milieu, quand on atteint le roc, il y a une large place, close d’un mur à hauteur d’appui ; d’ailleurs, ce mur a été fait il y a quelque temps, et ne date pas des Romains, car les gens du pays disaient qu’il y avait une grande grille en fer tout autour au lieu du mur ; ceci à cause des combats de bêtes fauves. Le théâtre lui-même a de tour 66 de mes pas. Au milieu de la place, il y a par terre quatre trous carrés, par lesquels on peut pénétrer sous le sol du théâtre. Plus loin, il y a sous terre trois hautes voûtes ou cavernes, creusées dans le roc, qui étaient ouvertes ou avaient des trous par où, disent les gens du pays, on faisait parvenir aux bêtes fauves leur nourriture. Mais aujourd’hui, ils ont été bouchés depuis peu, comme il est facile de le voir.
Plus loin, il y a une autre pièce creusée dans le roc, où se trouve une cheminée ; c’est là que se serait tenu celui qui gouvernait les bêtes. Il y a aussi un puits profond près de ce souterrain. Il y a une dizaine d’années, m’a-t-on raconté, les habitants de la ville de Doué ont monté une comédie, qui a été donnée plusieurs jours de suite, et a été jouée dans cet amphithéâtre. De grandes foules sont accourues des régions voisines pour la voir, comme de Saumur, Loudun, Thouars, Angers, Nantes, La Rochelle [244] et de beaucoup d’autres lieux. Il aurait tenu dans cet amphithéâtre quelque 20.000 personnes, sans se presser. Le théâtre a sur l’un de ses côtés, tout contre la paroi, une cavité carrée, profonde d’environ une demi-taille humaine et entourée d’un petit mur ; on l’a sans doute pratiquée pour l’usage de cette comédie. Cet amphithéâtre a-t-il construit pour les bêtes sauvages, ou les gladiateurs, ou les comédiens ? Là-dessus, voyez Golnitzius, Voyage de France, et l’Ulysse François. [245] [...] Ce rocher, dans lequel cet amphithéâtre est taillé, s’étend loin et il est long. La pierre est tendre, et au-dessus, il y a des cultures. L’amphithéâtre est tout couvert d’herbes folles et d’orties. »