GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire, 49)
Sujet(s) Pseudo amphithéâtre
 
Auteur(s) Coulon, Louis
  Géographe et historien jésuite (1605-c1664)
Support Imprimé
Date 1643
Inscription
Références Coulon 1643, p. 403-406
Bibliographie

DLF XVIIe siècle, p. 341-342 ; Provost 1988-2, p. 40 ; Lemerle 2005, p. 117, 127

Remarques

L’édifice de spectacle fut aménagé au XVe siècle dans une vaste carrière à ciel ouvert. Texte repris par Coulon en 1644 qui doute désormais de son origine antique (I, p. 385-386)

Transcription 

« Les Romains en avoient fait un beau sujet de leurs magnificences : comme on peut le recognoistre des marques qui nous en restent dans le grand chemin de [404] Doüay jusques au Pont de Cé ; & du Theatre, qu’on y void encore presque en son entier, dont le docte Lipse a representé le plan dans son livre des Amphitheatres. Son estendue n’est que de cent soixante pas en rond, mais tellement composée, qu’elle peut facilement tenir plus de quinze mille personnes, sans que l’une empesche l’autre de voir ce qui se fait au milieu de la place. On compte vingt & une, ou vingt deux marches depuis le bas jusques au haut, qui s’elevent, & s’elargissent en rond les unes dessus les autres avec une esgale proportion. On y remarque de plus des voutes, & des grottes qui sont pratiquées dans le roc aussi bien que tout le bastiment, sans qu’il n’y ait ny chaux ny ciment pour la joincture des pierres, avec tant de justesse & de regle, qu’on diroit que c’est plutost un ouvrage de la nature, qu’une invention de l’art. A l’entrée de ces voutes il y a un puits profond, qu’on ne sçait point ; s’il est de la structure des Romains, pour recevoir les eaux des pluyes, encor qu’il y ait des esgouts pour cet usage, ou si les Comediens, qui nettoyerent le lieu sous le regne de François I pour y representer les Actes des Apostres, avec tant de succés, qu’on [405] accouroit de toutes parts pour voir les travaux & les miracles des premiers Fondateurs de la Religion, ne le firent point creuser à dessein d’y planter un grand arbre, où estoient attachés des cordages & les voiles, qui couvraient le Theatre, pour defendre les spectateurs du soleil & de la pluye. Ce qui donne de la peine aux curieux des Antiquitez, & des belles sciences, c’est de prononcer à quel usage ce bastiment fut entrepris. Car de dire que ce fut pour le combat des bestes, la place qui n’est que de quinze pieds de long, n’estoit point une carriere assez vaste pour les glorieuses demarches d’un Lion, pour l’agilité d’un Tigre, pour les soupleeses & pour les fuites estudiées des chasseurs, qui ne pressoient pas tellement les animaux farouches, contre lesquels ils se battoient, qu’ils ne regardassent quelquesfois, où ils pourroient se retirer en cas de besoin, pour prendre leur advantage des pieds et des mains. De penser aussi que ce fut pour les Gladiateurs, il n’y a pas d’apparence, l’eminence elevée au milieu de l’arene, les ouvertures, & les bouches de fer attachées aux couvercles, ne sont pas commodes pour le lieu d’un duel, ou il ne faut qu’une [406] rencontre, & qu’un achoppement pour former un faux pas, & faire perdre la vie au (sic) plus grands maistres d’arme, nonobstant ses ruses & le faire tomber par surprise sous la main d’un poltron apres qu’il aura tué luy mesme avec methode plusieurs hommes de cœur. La figure du lieu & la disposition de ses parties, n’est guere plus propre pour un Theatre de Comedie, si ce n’est qu’une partie des spectateurs veuille se contenter de voir seulement le dos des Acteurs, sans considerer la contenance, & l’action, qui est l’ame de la parole. »