GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Plombières-les-Bains (Vosges, 88)
Sujet(s) Thermes
 
Auteur(s) Thybourel, François
  Chirurgien de l’évêque de Verdun (15.. ?-16.. ?)
Support Manuscrit
Date 1611
Inscription
Références Thybourel 416, I, 2, ff. 4-5
Bibliographie Bonnard 1908, p. 466-470 ; Lemerle 2005, p. 67 ; Michtlet 2005, p. 255-267
Remarques
Transcription 

« Entre tous les vestiges, que l’antiquite Romaine nous a laisse, pour memoire de son industrie, je ne trouve rien si admirable, que la fabrique des Bains de Plumiere : Car si le Pantheon, le Colisee, et tant de superbes edifices, que Rome et Verone ont decorees, sy est que ce n’est rien a l’equipolent de nos thermes : d’autant qu’ilz sont d’autant plus admirables que leur structure est permanente, encor qu’ilz soint enclos d’une humidite qui pourroit facilement ruiner les murailles, sy l’industrie des Anciens n’eust preveu a cela, par la liaison d’un ciment, non tel que celuy de Pline, mais d’un perdurable usage, la façon auquel, n’est venue a la cognoissance des modernes ; ains elle s’a ensevelie avec les Auteurs. et se manifeste sy copieusement adaptee a Plumiere, pour la reunion et separation des eaux chaudes pour en fournir divers Bains, que depuis l’Eglise jusqu’au bout inferieur du vilage, tout en est plain servant aussi d’empeschement a l’eau froide de se joindre a la chaude : mais la plus grande quantite d’iceluy ne se descouvre que dessoub [4v°] ce pave, ou il adhere entre soy d’une telle composition, qu’a peine la pointe du marteau en peut esclatter quelque portioncule.
La seule consideration de ceste matiere si durable, me donne quelque argument de croire, que les Anciens avoient les Bains en tres grande recommandation, soit pour les delices, pour leurs paganismes, ceremonies, ablution de leurs corps, ou pour la sante : et quand la plus chenue Antiquite, ne nous auroit laisse autre tesmoignage de leurs usages, que les fraix excessifz, qu’il convenoit employer en un tel lieu que Plumiere, auquel elle ne pourroit avoir chaux, sable, pierre, propre a cest usage, ny terre commode, ce me seroit un suffisant argument pour me faciliter ceste creance.
L’opinion de quelqu’un est, que l’erection d’iceux a este par Jule Cæsar qui passant les Monts pour entrer en la Gaule, rencontrant dedans ceste vallee notre admirable liqueur, y fist construite les Bains pour penser et medicamenter ses blesses, comme a la verite les eaux sont souveraines et tres exquises, ainsy que de nostre temps, nous l’avons veu en la personne de monsieur de Floreinville. Mais ceste opinion n’estant aleguée [5]que des Modernes, je la laisseray a larbitrage du lecteur affin qu’il s’en serve sy bon lui semble puis que je n’ay rencontre dans pancartes, histoires, memoire, ny authorite, qui me puisse certiorer de leurs origines. Mais il y a de lapparence, que ce grand capitaine les fist bastir, lequel ayant passe plus oultre en ces expeditions, ce lieu demeura sans culture, et touttes les ceremonies, abatardies par les rudes assaux de la guerre, ou par la negligence du peuple peu versé en telles occasions, tellement que tous les Bains, estoient remplis de boües, pierres, et quasy ruinez, alors qu’Autron (ou Ambron selon aucuns) filz aisne de Clodion le chevelu les fist reedifier, en l’an quatre cent octante et quatre, ayant l’Aquitaine pour appanage »…