GALLIA ROMANA

DLF XVI^e siècle, p. 237 ; Gayraud 1981 ; Dellong 2003, p. 132 ; Lemerle 2005, p. 84

« Outre ce Pont du Gard il est certain qu’il y avoit un ancien Pont d’une lieuë presque de longueur bien prés de Narbone, lequel avoit esté faict pour passer les estangs ou marests qui se treuvent sur le chemin de Narbone allant à Besiers : car pour lors le passage de la Garde-Rolland n’estoit encore ouvert. Ce pont estoit basty à petits arceaux de grands quartiers de pierre, ainsi que les Romains avoient accoustumé de bastir : il commençoit à un quart de lieuë de Narbone, & finissoit au bord de l’Estang de Capestan bien prés de la metairie d’un nommé Peyriés. J’ay remarqué qu’il est faicte souvent mention de ce Pont dans les anciens actes qui se treuvent aux archifs de l’Eglise de Narbone ; mesmes dans les actes d’un jugement rendu du temps de Charles le Chauve petit fils de Charlemagne, dans lequel il est apellé disertement Pons Septimius. Je croy que l’Empereur Septimius Severus l’avoit fait bastir : car j’ay noté que les habitans de la ville de Narbone professoient d’estre grandement obligez tant audict Empereur qu’à Julia sa Mere, comme nous pouvons apprendre [83] par ces deux anciennes inscriptions, qui se treuvent encore dans la ville de Narbone […]. Ce mesme Pont est appellé dans des autres titres qui ne sont pas si anciens Pons Septimus : ce que quelques uns interpretent en cette façon que ce soit le Pont septiesme ; car il se treuve six ponts avant le dernier qui faict le septieme, pour pouvoir traverser les lieux marescageux. Toutefois il y a plus d’apparence que ce n’estoit anciennement qu’un Pont, lequel se treuvant rompu en divers endroits, on a creu que c’estoient sept Ponts. Ce Pont se nomme aujourd’huy en langage du pays PONSORME, qui estoit basty de grands quartiers de pierre à la Romaine, desquels les voisins se servent pour bastir leurs maisons. Outre lequel Pont j’ay apprins des habitans de Capestan estant sur le lieu, qu’il y avoit un grand & merveilleux pont composé de grands arcs de pierre qui traversoit l’estang de Capestan, lequel se recognoissoit encores du temps que j’y estois. Mais les sablons ont couvert & ensevely ce Pont qui estoit tres-long, & d’une admirable structure, tellement qu’il n’y paroist plus ».