GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Angoustrine-Villeneuve-les-Escaldes (Pyrénées-Orientales, 66)
Sujet(s) Thermes
 
Auteur(s) Trigall, Joan
  Moine dominicain (15.. ?-16.. ?)
Support Manuscrit
Date 1603
Inscription
Références Trigall 184, ff. 22-35v°
Bibliographie

Bonnard 1908, p. 354-357 ; Lemerle 2005 ; Kotarba/Catellvi/Mazière 2007, p. 619

Remarques

Les sources sulfureuses du hameau dit les Escaldes (Aigues Caldes, « Eaux chaudes ») de la commune de Villeneuve, proche de la frontière espagnole, sont à l’origine des thermes installés par les Romains. Il en restait d’importants vestiges signalés la première fois par le moine Trigall

Transcription 

« Il s’agit de la source génératrice de santé de Caldas ou Baños. Elle se trouve à une petite lieue de Puigcerdà, vers le nord. Elle naît dans un paysage embroussaillé au sein d’une montagne envahie de rochers arrondis et volumineux, de beaucoup d’arbres et de noisetiers touffus avec une grande quantité d’eau chauffée naturellement, à l’odeur de soufre, au milieu de ce qui ressemble à une grande chapelle. Construite joliment en pierres de taille, à la voûte puissante percée d’une ouverture, elle a deux portes bien qu’on ne les ferme jamais. A l’intérieur de cet édifice se trouvent les très célèbres bains entourés de trois degrés de pierre taillée. Depuis le fond plat, par les interstices du dallage de pierres, l’eau claire et bienfaisante sort à gros bouillons. Tout autour il y a une large galerie où on a placé de nombreux lits pour ceux qui se baignent s’ils ne veulent pas aller dans les auberges qui se trouvent dans le] desdits bains. Ils sont très fréquentés, non seulement par les autochtones mais encore par les étrangers qui, informés de leur vertu, viennent de très loin. J’ai même vu venir de la Cour un régent pour retrouver, en se baignant, la santé qui le libérerait de ses souffrances et de ses infirmités. Les plus nombreux, par la grâce de Dieu, retrouvent la santé comme on le voit ; on en a une large expérience. L’eau, comme je le dis, est très chaude mais pas au point qu’on ne puisse pas la supporter. Au bout de peu de temps, elle provoque une importante transpiration, même dans le lit où on élimine merveilleusement. Si les bains sont chargés de gale ou d’autres immondices, on peut tout vider et très bien nettoyer grâce à des tuyauteries. Une fois les tuyaux bouchés, la piscine se remplit à nouveau en moins d’une demi-heure, tellement l’eau est abondante. Tout le monde peut s’y baigner, grands, petits, hommes, femmes, riches et pauvres sans rien payer. On pourrait en tirer bénéfice, et même beaucoup, pour tenir tête aux grands travaux rendus nécessaires par les dégâts causés par nos turbulents ennemis français. Pourtant jamais Puigcerdà n’a voulu le faire et on croit qu’il ne le fera jamais. De nombreuses familles vont y faire fête chaque année. Avec chapons et poules, chevreaux et cochons de lait, ils y passent agréablement le temps. » (trad. Gracieuse de Jean-Louis Blanchon)