GALLIA ROMANA

Database of texts and images
Of Gallo-Roman antiquities (15th-17th centuries)

Notice

Ville Nîmes (Gard, 30)
Subject(s) ‘Maison Carrée’
 
Author(s) Albenas, Jean Poldo d’
  Counsellor at the tribunal of Nîmes, translator and antiquarian (1512-1563)
Resource type Printed book
Date 1559
Inscription
References Albenas 1559/60, pp. 73-78
Bibliography

DLF XVIe siècle, p. 42 ; Amy/Gros 1979 ; Fiches/Veyrac 1996, pp. 278-286 ; Gros 1996, pp. 157-159 ; Lemerle 2002-2, pp. 163-174 ; Lemerle 2005, p. 85 ; Lemerle 2013-2

Remarks
Transcription 

« Ie croirois bien plustost, que ceste maison, qu’on nomme Quarée, fust la Basilique, dont nous auons dessus escrit, que non pas ce temple de l’Eglise cathedrale, de tant que estant certain, que Basilique ancienement estoit une maison desdiee à usaiges publics, tels qui ont esté recités, lon pourroit assés vrai-semblablement iuger, que ceste maison quarree le fust, par ce que ce mesme vulgaire l’appelle Capitole, ou bien Capdueil, qui en langaige du païs vaut autant, que Capitole. Et qu’il soit vray, i’ay leu ce mot de Capdueil en plusieurs vieilles escriptures, & documens : i’entens escrits despuis cinq cens ans en ça, qui font mention d’une petite Eglise, y ioignant, & contigue, que ces vieux registres appellent sainct [74] Estienne de Capitolio : & le langaige maternel du païs l’appelle l’Eglise S. Estienne du Capdueil. Et par ce, comme par une cabale, ou reception de père à filz, ayant ceste magnifique maison esté tousiours de succession en succession appellee Capitole, ou Capdueil, il seroit assés croyable, n’apparoissant pas l’autre Basilique, que ceste-cy la fust, & ne se faut esbayr de telle diuersité de denominations entre Capitole, ou Capdueil, que le Toscan mesme par diuersité, & alteration de langaige non de gueres moins differente, bien qu’il soit plus voisin de la contree Latine, appelle bien Capitolium, Campidoglio. […] Toutesfois ces raisons suiuantes nous font croire, que ceste maison Quarree, n’est pas aussi la Basilique de Hadrian : l’une, que pareillement, comme nous auons dit de nostre Eglise cathedrale, bien qu’elle soit riche, & sumptueuse, si ne l’est elle pas pourtant assés pour auoir esté bastie par tel Monarque, que nous l’auons dit estre, ny en souuenance de si hault benefice receu, que d’auoir, esté faict dominateur de l’Empire Romain, qui n’est pas de petite importance,) estant eschauffé de l’amour, lequel, voire iusques aux plus bas, & infimes pouuoirs fait parfaire choses diuines, & incroyables. Et si n’est pas aussi ce bastiment de telle despence, que les Autheurs (ayant esgard aux richesses, & opulence, du temps) en eussent parlé en termes si superlatifs, qu’ils ont. L’autre, que estant l’edifice si entier, qu’il est, à tout le moins n’ayant nulle indice de ruine prochaine, ou en lieu voisin, ou adiacent, lon n’y voit ny apparence, ny existence de portiques, promenoirs, chalcidiques, ou causidiques, ou parquets, tribunals, ou sieges, ny autres telles choses, que Vitruue, Philander, & Leon Baptiste Albert, (comme nous auons dit) requierent en telles Basiliques. Nous croyons donc [75] par une vrai-similitude, & argument pris du nom, que ce fut simplement le Capitole, ou maison Consulaire de la ville, en laquelle conuenoyent les administrateurs du public, en ce que seulement concernoit le public, & non aucunement le particulier, pour en deliberer, & y arrester leurs consultations. I’ay ouy dire à noz peres, qui par immemoriale attestation le disoyent auoir ainsi apris des leurs, que c’estoit aussi n’a pas trois, ou quatre cens ans, la maison commune, & des Consuls de la ville : qui par criees fut contre le public, & uniuersité adiugee à un particulier, & creancier de la ville. Si l’adiudication, ou alienation vault, par quelque prescription, ou longueur de temps, qu’elle soit confirmee, les loix ciuiles, meurs de gens, & raisons, sont à qui que ce soit, apparentes, & estant chose asseuree, que ceste maison estoit pour le moins le Capitole, par les preuues ia dictes, qui souffiroyent à un fait tant antique. S’il est clair aussi, que un particulier ne la peut par quelque caufe que ce soit usurper, à ses propres, & priués usaiges, & en frustrer la Republique, voire si le Monarque, qui est chef, & dominateur d’icelle, peut auoir souffert une prescription, venant de son subiect, ayant encor la conscience, & mauuaise foy, que ceste maison est publique, sacre, & inalienable : & si lon le pourroit constraindre, à en laisser la possession au Roy, & au public. Car ceste maison encor pour le iour-dhuy a esté tant prophanee (ce que ie n’escry sans grand regret) qu’elle est induement occupee par un particulier, & comme disoit l’autre, O maison antique, dominee d’un sort dissemblable, & inegal dominateur. Et quant à moy, si iamais i’auois audience au conseil du Roy, ou au Roy mesme, ie croy, que donnant à entendre le fait, tel qu’il est, la dedecoration, que ce beau monument de l’antiquité endure, & le tort que luy est faict, il vengeroit cest outrage, & ne permettroit sur sa magesté, (contre le public, Loix, & meurs de toutes les gens,) qu’un occupateur triumphant, (comme les Barbares de l’antique Rome,) des restes, ou despouilles des ruines de nostre antique cité, & n’endureroit, qu’apres tant de demolitions, qu’elle a souffertes, encores on la veist continuellement rui[76]ner, & demolir, comme lon voit, endurant deuant noz yeux telle mémoire de l’antiquité, & lieu si sacre, & publiq, estre faict le domicile de personne priuee & indeu detenteur. Mais coupons icy ce propos. Reste, que ceste maison, iaçoit que le commun la die Quarree, elle ne l’est pas, n’ayant ses quatre costés esgaux par ensemble, comme par les Geometres est diffiny (sic) le corps, ou la figure quarree. Car elle n’a que vi. Colomnes en largeur, y comprenant les deux colomnes, qui sont aux deux angles, & de longueur elle en contient xi. De semblable & mesme grandeur, y comprenant les deux des deux angles, qui faict assez cognoistre la difference de sa quadrature. Puis que ceste maison est appellee Capitole, il faut entendre, que Rome auoit son Capitole, qui estoit ainsi appellé, selon M. Portius Caton libro Originum, du mot Latin Caput, pourautant qu’en ce lieu, y cauant les fondemens du temple pour Iupiter (qui à ceste cause fut dict Capitolin) lon y trouua une teste d’homme. […] [77] Ie me suis autrefois amusé à penser, comment aux grandes ruines de Nismes peut auoir esté, que les ennemis, & vainqueurs ayent pardonné à cest edifice. Car ie croy bien, qu’aux cueurs insolens des victorieux, enorguillis (sic) de leur bon succés, & victoire, & durant ceste fain de vengeance (qui n’espargne, voire ny aux pierres) ce plaisant, & riche edifice, ne leur peut amollir le cueur, tant que par ce ilz temperassent leur enragee vindicte. Et si lon disoit, que c’eust esté pour la singularité, & excellence de l’œuure, & bastiment, comme les Romains par edict public au sacagement de Syracuse, commandoyent estre pardonné au seul, & excellent Archimedes. Plutarque en la vie de Marcellus, ou par le commandement d’Alexandre, ne fut touché à la maison de Pindare, Poëte, à la prise de Thebes. Arrian liur. i. Pline liure vii. Chap. xxix. & par les Lacedemoniens en sacageant la terre Attique, l’Academie ne fut demolie. Plutarche en la vie de Theseus. Lon pourroit par mesme moyen, auoir encor en son integrité la Basilique, dont a esté parlé. Aucuns, suyuans les anciennes ceremonies, pourroyent affermer, que ce a esté un fatum, & bonne destinee de cest edifice, qui ayt sur-vescu, & resté entier à tels hasards, & demolitions, par le benefice, peut estre, du point de horoscope de sa bonne, & fortunee fondation, souz quelque ascendant bien fortuné, par la quatriesme maison, ou lieu du ciel, & constitution des Planetes, ou fixes, selon Haly liur. Vii. Chap. xix. & autres Autheurs graues de tel argument, ou bien par fabrication d’imaige, selon que ce temps estoit credule de telles euures Magiques, selon l’art de la Metastrologie, & tradition de Zaël, Bethen, & autres occultes escriptures […] [78] & ie feray fin à ce lieu, apres auoir aduerty le lecteur, que aussi à cest edifice ny a nul escripteau, ou monument, pour nous informer ny du temps, ny du nom de son Autheur, & fondateur. Nous auons icy apres mis les Ichnographies,& Orthographies de cest edifice, tant de l’uniuersel, que des pieces particulieres :de tant que en si petit espace, & lieu, que lon est constraint representer le tout, lon ne peut aisement figurer, & demonstrer les particularités à leur deuoir, sans les estandre en plus grandes figures. Et est le tout, piece pour piece, marqué par ordre des lettres de l’Alphabet, comme s’ensuit : & apres auons aussi mis les figures. »