GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Nîmes (Gard, 30)
Sujet(s) Enceinte
 
Auteur(s) Deyron, Jacques
  Antiquaire nîmois (16.. ?-1677)
Support Imprimé
Date 1656
Inscription
Références Deyron 1656, p. 16-19, p. 21-23
Bibliographie

Fiches/Veyrac 1996, p. 176-178 ; Gros 1996, p. 48-49 ; Lemerle 2005, p. 84-88 ; Lemerle 2013-2

Remarques

Texte repris par Deyron en 1663 (p. 14, 42-45) avec quelques variantes

Transcription 

« Ioint que l’enceinte de nos murailles de closture de la ville, dont nous parlerons au Chapitre suiuant, est d’vne construction posterieure aux Acqueducs. […] [17] Apparemment la vieille closture de la Ville qui subsiste encore en partie, ne fust pas faite au mesme temps de la fondation : Car [18] les fondations des Villes sont faites en l’vne de ces deux manieres ; ou lors qu’vn Monarque fait vne Ville tout de neuf, dans vn lieu où il n’y en auoit point auparauant : auquel cas il assigne avec proportion & commodité, les endroits de ses rües, ses places, ses Temples, l’Hostel de Ville, & le lieu de Plaid ; & y loge incontinent force habitans, comme de nostre temps Richelieu, Charles-Ville & autres : Ou bien le chef d’vne peuplade ou Colonie, ou de quelque Nation transplantée, les loge sur quelque lieu commode & aduantageux ; auquel cas il les hutte à la haste, & à l’estroit pour la necessité, & lors les places des maisons sont prises à l’auanture & en desordre ; & comme leur commencement est petit & necessiteux, leurs bastimens sont chetifs ; & en l’vn & en l’autre cas le lieu reste à clorre iusques à ce que la Communauté des habitans soit assez grande, & qu’ils ayent moyen de le faire. Nostre Nismes vray-semblablement a esté fondé en la premiere manière ; ses premiers bastimens superbes & magnifiques, persuadent aisément qu’il a esté fondé par vne puissance Souueraine, telle que celle de Nemausus, lui luy a donné d’abord toute la justesse & la regularité, & la restauration apres vne generale ruine, a esté faite en la derniere sorte. Ses [19] seconds bastimens petits & irreguliers, en donnent suffisant tesmoignage. Nemausus qui la fonda enuiron l’an deux mil trois cens de la creation du monde, au calcul de Vigenere & de Du Verdier, ne l’enferma pas de murailles : ou s’il luy donna quelque mauuaise closture, ce ne fust pas ce bel & fort edifice qui paroist encore. Mais enuiron mil an apres, les Phocences habitans de Marseille, enseignerent aux Gaulois à se clorre de murailles : comme rapporte Iustin en son XLIII Liure. Et que la closture de Nismes soit l’ouurage des Phocences Marseillois, se prouue du VIII Chapitre du II Liure de Vitreuue ; auquel endroit cet Autheur descriuant l’Architecture des Grecs de son temps, qui estoit sous le regne d’Auguste, dit qu’ils ne mettoient point de pierres en oeuure, sans estre premierement esquierrée par vn costé, & ne laissoient point d’entre deux pour en mettre de petites entre les grandes en la face de la muraille : ains la rendoient massiue par celles qu’ils auoiet esgalées, & renduës d’vne mesme espaisseur : Ce qui est la naïfue description de la ceinture de Nismes, & vne preuue certaine & demonstratiue, que c’est l’ouurage des Phocences de Marseille, qui estoient vne Nation entre les Grecs. […]
[21] Nos murailles de Nismes auroient esté vray-semblablement basties enuiron l’an du monde trois mil quatre cens cinquante : & ainsi cette année de nostre salut mil six cens cinquante six, & du monde cinq mil six cens vingt-huit, il y a deux mil cent septante-huit ans de nostre closture. La longueur de cet edifice estoit de quatre mil six cens quarantes canes ; la hauteur de six canes, compris le parefou qui estoit d’vne cane de haut ; son epaisseur d’vne cane, qui soustenoit vn corridor de largeur de dix pans, paué [22] de grandes pierres aussi longues que la largeur du Corridon : L’espaisseur du parefour estoit d’vn pan, & vn tiers de pan, de pierres dures de douze pans de long, & quatre de haut auec vne balustrade de bois au dedans. Cette muraille estoit gardée par des soldats logez dans des Tours rondes, quarrées & octogones hors d’oeuure, distantes l’vne de l’autre de vingt-quatre canes tout à l’entour, de trois canes & trois pans de diametre ; sauf celles qui estoient sur les portes, qui estoient de six canes vn pan de diametre, auec vne esleuation ou vedete sur la muraille, au deuant des deux auenües de chaque Tour. En cette manière nostre closture estoit à mille canes pres, aussi longue que celle de l’ancienne Rome, sous l’Empire de Vespasien ; au rapport de Pline Liure III. Chapitre V. ou sous l’Empire d’Aurelian, au rapport de Flauius Vopiscus Siracusain. Cette ceinture de murailles auec ses Tours flanquées pour l’arc, & sans fossez, ont seruy de closture à nostre Ville de Nismes : iusques à ce que Charles Martel la prist, apres vn long siege, sur les Sarrazins, en l’an sept cens trente & vn ; il la brûla & raza, comme toutes les histoires le tesmoignent, & ne laissa que cette partie de murailles anciennes qui seruent encore, depuis les [23] ruines du Chasteau iusqu’à la plate-forme, qui est prés du Palais de la Iustice. Depuis cette année sept cens trente & vn, Nismes demeura auec ces petits restes de murailles iusques en l’an vnze cens nonante-cinq »…