GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Vers-Pont-du-Gard (Gard, 30)
Sujet(s) Pont du Gard
 
Auteur(s) Catel, Guillaume
  Conseiller au parlement de Toulouse et historien (1560-1626)
Support Imprimé
Date 1633
Inscription
Références Catel 1633, p. 81-82, 285
Bibliographie Provost 1999-2, p. 736 ; Lemerle 2005, p. 88-91
Remarques

Le pont du Gard fut sans doute le monument gallo-romain le plus universellement admiré

Transcription 

« Car l’on void encore auiourd’huy cét ancien & merueilleux Pont, ou plustost Ponts qui ont esté bastis par les Romains sur la riuiere du Gardon à trois lieuës de la ville de Nismes lés le Chasteau de Priuat, lequel Pont on appelle ordinairement le Pont du Gar. Ce Pont a esté basti par les Romains de grands quar[82]tiers de pierre à trois estages voutées l’vne sur l’autre. La derniere desquelles est vn Aqueduc pour conduire les eaux à Nismes, ainsi que nous pouuons voir non sans admiration. Iean Poldo d’Albenas en son Liure des antiquitez de Nismes nous en a donné le portraict auec les mesures. La merueilleuse structure de ce Pont a esté descrite par vn Poëte de ce siècle en ces vers.

Atque his lustratis illustri excedimus Vrbe
Spectatum Gardi molem, quo flumine quondam
Strauit aquæductum, & pontem Romana Nemausus :
Adiacet excelsum prospectans athera rupes,
Huc opus euectum, & geminatis arcubus ipse
Ductus aquæ pontem excedit, mirabile visu.
Quid memorem structuram operis ? quid marmora ? & illam
Compagem lapidum, qualem Natura dedisset ?
Hic Anio vetus, atque suos submittat honores
Tepula, non ipsos opponat Virginis arcus.
Vn autre aussi sur ce mesme suject a faict cet Epigramme.
Montibus impositis cantauit Græcia monteis
Pyramidum ostentat barbara Memphis opus
Plus est quod cernis, triplicis coniungere pontis
Fornicibus montes sic potuisse duos.
Et plus est (victam quo se Natura fatetur)
Imposuisse ipsis flumina fluminibus.
Et rursum plus est contempto laudis honore
Artificem nomen subticuisse suum.
Mire Opisex, quod tu fecisti sit licet ingens,
Quod non fecisti plus ego miror opus
.
Le Seigneur de l’Hospital a composé aussi celuy cy sur ce mesme suiect.
Admirandi antiqua operis monimenta Viator
Suspicis, auctorem pressit iniqua dies.
At tu dignus eras ultra producere famam,
Dignus oras operi vel superesse tuo
.

[…] [285] Il faut bien que la ville de Nismes ayt esté anciennement de grande consideration, puisque nous y treuuons auiourd’huy non seulement des traces & ruines de fort anciens edifices : mais encore on en y void de tres magnifiques quasi entiers, c’est ainsi que pour la commodité de ceste ville on auoit dressé ce grand & admirable Aqueduct, qui passe par-dessus la riuiere de Guerdon & se rend à Nismes. Car ce grand Aqueduct qui passe sur le pont du Gar n’auoit point esté basti pour autre consideration que pour l’ornement de Nismes, d’autant que proche & non loin du Temple de Diane, il y a vne source d’eau vive si grande, qu’elle semble plustost vn lac, qu’vne fontaine, & laquelle bien prez de se source faict mouldre deux moulins. […] Iean Poldo en son Liure des Antiquitez croit que l’eau de ceste fontaine vient de l’eau qui passe par l’Aqueduct sur le pont de Guerdon, d’autant qu’elle croist à mesure que la riuiere de Guerdon se faict grande, & que l’on y treuue des immondices qui ne pourroient venir d’ailleurs que de ladite riuiere. Toutesfois les plus curieux du pays croyent que l’eau qui estoit conduicte par cest Aqueducs à Nismes, est autre que celle que l’on void auiourd’huy. Que si l’eau de ceste fontaine n’eut esté tres bonne, & plus salubre que celle de la fontaine, qui prend sa source prez de Nismes, l’on ne la fut point allé chercher si loin, auec vne si grande & quasi prodigue depense. »