GALLIA ROMANA

Database of texts and images
Of Gallo-Roman antiquities (15th-17th centuries)

Notice

Ville Bourbon-l'Archambault (Allier, 03)
Subject(s) Thermae
 
Author(s) Aubery, Jean
  Physician and writer (1569-after 1622)
Resource type Printed book
Date 1604
Inscription
References Aubery 1604, ff. 25, 62-65
Bibliography

Bonnard 1908, pp. 444-448 ; Corrocher/Pibloule/Hilaire 1989, p. 34 ; Lemerle 2005, pp. 67, 109

Remarks
Transcription 

« mais les [bains les] plus somptueux & entiers tant en leurs sources, & Canaux qu’en leur structure, & merueilles de leurs effects sont les Bains de Bourbon [Bourbon-Lancy et Bourbon-l’Archambault], dignes suiects d’vne recerche plus industrieuse que la mienne, ne les voulant separer puis que mesme nom les honore, & mesme sceptre les vnit, mais seulement en faueur de l’ordre & de l’Ancienneté. […] [62] La forme des Bains de Bourbon Larchambaud est octagone, ou a huit faces, leur structure assez ancienne, leur enclos est d'vne muraille faicte de chaux & sable, couronnée par-dessus de grandes pierres de tailles (sic), posées à plat, ceste muraille peut auoir hors du Bain, ou est contenüe l’eau deux ou trois pieds de haut prix à fleur de terre & par le dedans depuis le fonds du Bain iusques au dessus de ladite muraille, huict ou neuf pieds : tout autour par le dedans du Bain hors du costé du Midy, il y a cinq marches de pierre [de] tailles (sic), sur lesquelles les baigneurs se reposent : le bain est diuisé par vne muraille de pierre de taille trauersant d'vn bout à autre, separant le Bain d'en-haut d'auec celuy d'en-bas, non esgalement : le Bain haut estant trois fois plus capable que le petit qui reçoit l’eau du grand par vn esgout de pierre de taille qui est au milieu, & au dessus de ce mur moytoiant, ayant de hauteur enuiron quatre ou cinq pieds & de largeur deux pieds : vis-à-vis de cest esgout ioignant le fonds du grand Bain au pied de ce mur, il y a vn canal ouuert d'vn pied, par lequel le grand Bain se met à sec pour estre nettoyé, s'en va dans le petit Bain, & de là dehors du costé des fontaines ou puys. Les sieges de la muraille qui entoure les Bains, sont plus enfoncez en dedans & couuerts de grandes pierres qui aduancent, au dedans du bain, & sont comme profondes niches dictes par le vulgaire chaires, qui sont trois, capables de deux hommes, hors la plus [62v°] haute, & ont par leurs flancs des fenestres creusées dans la pierre d'vn pied & demy d'ouuerture, tant pour s’y agraffer, que pour y loger la chemise, ou autres commoditez pour le Bain, ou pour y suer : la dedans se retirent à couuert ceux qui se baignent, & se garentissent des iniures de l'aër, aussi pour y prendre alaine sans se refroidir : ces renfondremens estant tousiours reschauffez par les vapeurs de l'eau, Vbi dum fessi nimio languore consederint, vaporis illius delectatione recreati, et lassa viscera reficiunt, et humores noxia infusione laxatos, vitali ariditate constringunt.
[Marginalia :] « Cassiod. L. 2. epist. 39 ».
Ioignant ces chaires il y a trois grands Puys esgaux en structure, associés par leurs murailles, & communs par leurs sources, & par leurs conduits, de sorte qu'ils paroissent n’estre qu’vn, on m'a asseuré qu'ils sont tous trois posez sur vne seule pierre longue de quinze pieds & large de sept, ouuerte par le milieu pour l'issüe des sources chaudes : leur construction est de pierres de taille cymantees & supportées par le fonds de pieds droicts qui forment des triangles fort industrieusement taillez, & releuez par arestes : le dessus de chaque Puis est couronné d'vn anneau de pierre de taille, sur lequel sont fichez des treillis de fer, & qui pour puiser l'eau ont vne ouuerture fermant à clef, à ce que personne par inaduertance ny tombe : car l'eau y est si chaude que si quelque personne viuante y estoit cheute qv'on ne l'en pourroit tirer que par pie[63]ces comme les habitans assurent estre arriué à vn homme nommé Marcat il y a quarante huit ans : ces treillis de fer bien que les barreaux soient fort gros neantmoins ils paroissent vsez, & comme diminuez, notamment au premier puis, soit par la carie du temps, ou plustost par les vapeurs chaudes & erosiues des esprits ensouphrez & salez, ces puys sont sept ou huict pieds plus profonds que le paué des Bains : & dans ceste profondeur contiennent l'eau bouillante qu'ils reçoiuent du costé du Leuant, regardant l'Eglise sainct George. Ceste source passe deux ou trois pas proche d’vne maison dicte Sausay, ce que i’ose hardiment attester, d'autant que l'hyuer dernier de l’an 1603. que les neiges furent hautes & de longue durée, si tost qu’elles estoient tombées en tout cest endroit, aussi tost elles fondoient, & tout l’entour voire contre les bains estoit couuert de neige, hors ce sentier susdit, continuant son cours en bas elle va fondre & se desbonder sous les trois puys, dans lesquels venant de haut & non gueres esloignée de son Chastelet & de la Cisterne, elle y bouillonne & reiaillit sans intermission de temps, ou de saison : vn pas ou deux plus haut que les puys vers l’hospital on voit du fonds du Bain se pousser & esleuer plusieurs petites sources, entre lesquelles y en a vne presque intolerable à raison de sa chaleur : ces sources se sont fait ce passage par-dessous le gré. Les Puys ont deux sortes de canaux differans de figure & d’vsage, aux murs moytoians il y [63v°] a des ouuertures en forme triangulaire, pour se donner & receuoir mutuellement leurs eaux : autour de chaque puis, il y a deux ou trois conduits ronds, plus hauts que le fonds du Bain, qui font couler l’eau chaude dans le lauoyr, & le remplissent à vne esgalle proportion de profondeur d'eau, qui est enuiron de cinq à six pieds, & ceste quantité fournie, le surplus enuoyé par la peremnelle fœcondité & liberalité des sources, tombe dans le petit Bain : la profondeur des Puys & la quantité de leur eau n’est semblable, le plus haut a huict pieds d’eau, & six pieds ou plus sans eaux. Le second douze pieds d’eau & six pieds de vuide, le troisiéme neuf pieds d'eau & six pieds sans eau : ils sont tous trois eminans du paué du Bain en dehors d'enuiron sept ou huict pieds, & ont d'ouuerture en diametre plus de trois pieds, mais il ne faut couler ces viuifiantes sources sans les saluer auec Claudian.

Salue Pœoniæ largitor nobilis vndæ
Borbonii salue gloria magna soli
Publica morborum requies, commune medentum
Auxilium, præsens numen, inempta salus.

Au dehors de l’enceinte du costé de la source, se voit vn Puys de pierre de taille, ayant d'ouuerture en diametre deux pieds & demy, esleué de trois pieds de terre, nommé vulgairement puys froid au rapport des trois autres, d’autant qu'il est tiede, paué en son fonds de pierre de taille percé en plusieurs endroicts, comme les fontaines de Bourbon Lancy, receuant son eau par dessouz ces trois [64] que i’estime froide en son origine, mais rechauffée par le voisinage de la source ou par quelque portion d'eau chaude, qui s’escarte & se mesle dedans, eschauffant son eau froide : ainsi plus haut le puis du sieur Genin, taillé dans le roc est comme tiede & salé & encore plus les autres puys des enuirons des Bains tous tiedes & salés : ce puys par vn canal de pierre de taille porte son eau dans le petit Bain pour le temperer : Ce Bain est paué de pierres de taille, ayant du costé des haies deux conduits, l’vn dessus qui est tousiours ouuert pour descharger l’eau des deux Bains qui perpetuellement est versée par les fontaines, & entretenir vne iuste quantité d'eau pour les baigneurs, l'autre est ioignant son paué, posé comme vne bonde, ayant vn demy pied d’ouuerture pour le vuider, & le tenir net quand on veut : le conduit de dessus coulant tousiours faict vn petit ruisseau limonneux verdastre & fumant mesme en Hyuer ou temps de pluye que les vapeurs sont repoussées & espessies par la froideur de l’aër, & passant les haies se va ioindre auec l’eau qui descend de l'estang, & tous deux ensemble se meslent auec vn autre ruisseau appellé la Barge. Les particularitez du grand Bain gisent en sa forme, en sa capacité, en son fonds, en ses conduits, descentes & dimensions, sa forme est aucunement quarrée capable de baigner cent cinquante personnes, son fonds est tout de gré, bien que quelques-vns disent autre[64v°]fois auoir esté paué, mais à raison qu’il estoit trop glissant & que l’on ne s’y pouuoit affermir, l’on y fit iecter du gré qui depuis est demeuré, les sources qui bouillent dans le Bain outre celles des puis suspendent ceste opinion, sinon qu’en ces endroicts le paué soit disioinct, ou par caducité ou par industrie : car ie ne puis entendre pourquoy le petit bain auroit plustost esté paué que le grand : les conduits sont deux en nombre, par lesquels l’eau froide est conduicte dans ce Bain, vne portion d'eau froide s’y mesle ioignant l'Hospital, & vient d'vne petite fontaine nommée la Varene, passant entre deux terres souz les marches du Bain. L’autre vient de la Caue du sieur des Fontis, qui est plus haute que les Bains, dans lesquels elle coule les eaux qu’elle reçoit des rochers voisins, ou ces eaux froides se meslent dans le Bain il s’amasse communement & par residence se fige beaucoup de limon verdastre, noir, & tirant sur le iaune, adherant par les murailles du Bain, & des puis. Les descentes du Bain sont aux deux bouts de la muraille qui trauerse le Bain, seruant de passage d’vn costé à l’autre des Bains, & du costé de la maison du sieur des Fontis vne autre descente, ce Bain peut auoir en quarré six ou sept toises, & les deux Bains vingt pas de longueur, & huict de largeur. Ces Bains ont leurs parties aussi bien que ceux des Romains, les Estuues, se peuuent imiter par les chaires couuertes qui sont ioi[65]gnant les sources, ou par la vapeur de l'eau on se prepare au lauoir, & encore mieux si couché sur les treillis de l'vn des puis enfoncé à vn pied de l'eau on prenoit l'Estuue : le grand bain euenté & descouuert de tous costez, ou son eau sortie des puis bouillans se tempere & s’accommode à l'vsage du corps, represente le Caldaire ancien, conditionné de qualitez semblables : ces deux conduits d'eau froide qui s’insinuent au Bain & rendent l'eau tiede deux pas auant dans le Bain, representent le Tepidaire & Frigidaire. »