GALLIA ROMANA

Database of texts and images
Of Gallo-Roman antiquities (15th-17th centuries)

Notice

Ville Angers (Maine-et-Loire, 49)
Subject(s) Amphitheatre
 
Author(s) Ménard, Claude
  Lieutenant of the provostry (1580-1652)
Resource type Printed book
Date 1637
Inscription
References Ménard 1637, pp. 3, 5, 7, 9, 11, 13, 31
Bibliography Provost 1988-2, pp. 95-96 ; Lemerle 2005, p. 116
Remarks

This hybrid edifice (theatre-amphitheatre) was situated outside the town, in a place known as Grohan. A bilingual Latin-French edition of Ménard's text exists. Latin: left hand pages/even numbers. French: right hand pages/odd numbers

Transcription 

« En la ville d’Angers, Fauxbourgs de Bressigné, se treuue vne Hostellerie qui a pour enseigne la coste de Baleine, & pres le iardin, dans le milieu d’vne vigne, vne place ouale, ayant de diametre en sa longueur trente toises, vingt de largeur, renfermée de cinq ceintures de murailles, hormis l’entrée qui a vingt & trois piedz d’ouuerture vers l’Occident. Tout ce circuit, ne paroist quasi que par les fondemens qui sortent le rez de chaussée, & par endroits s’éleue d’vn à deux pieds, principalement la ceinture derniere qui ferme les quatre autres, delaquelle toutes-fois il ne paroist en la pluspart que le fondement, non plus qu’en beaucoup d’ouurages qui nous restent de l’antiquité. Le fonds de cette place, s’abaisse de huict pieds, & est enclos du premier mur, maçonné de cailloux, dont la taille est égale & quarrée, montant à huict piedz par endroicts, aillieurs plus, aillieurs moins, & le surplus tombé ou abbatu ; [5] La closture est epoisse de huict piedz par le haut, les autres, n’en ayants que quatre rez de terre, mais leur liaison & massonnerie si forte, qu’elle se rid du fer, & des plus robustes bras du pionnier. Dans les interuales de ces murs, qui sont de treize pieds, on void d’autres muraillons qui seruouient à porter des voultes & les soustenir, de huict, en huict pas, y ayant encores par dehors, des fondemens d’arcboutans tout au tour, afin de contretenir mieux le faix & la hauteur de toute cette masse. Vers le bout d’en haut, qui regarde l’Orient, restent les masures de deux chambres, separées seulement d’vn petit chemin, pour entrer au dedans par les portes qui s’y voient ; leur longueur est de XXII. Pieds, la largeur de XIV : l’autre chambre ou cabinet en ce qui se void, semble s’afaisser d’vn bout, & finir sur le bord d’vne cloaque ou caueau plein d’ordures. Ces deux retraittes, sont portées iusques sur le bord du premier mur, & des deux costez du premier, sont deux pantes sans degrez, mais dont les vestiges paroissent, & se vont [7] rendre sur l’ouale du milieu qui fait la place. De l’autre costé de ces tribunaux, est vn autre bastiment carré de pierre, qui a deux caues separées par vn mur de deux pieds d’epoisseur, & dans l’vne d’icelles, on rencontre dans vn coing, vne porte qui meine dans vn autre caueau, fort obscur, & du costé de l’ouale, vne ouuerture pour y entrer : Ces caues & caueau maçonnez de bricquetage, le reste de caillou, ou l’on void quelques restes du vieil bastiment Romain, le sur plus du dehors estant d’vn autre temps. Dans tout ce circuit de Theatre, nous n’auons point veu d’autres ouuertures pour y entrer, ce que nous croyons estre à cause que les ruines des murailles ont comblé le fons, duquel tirant, à commencer du bord exterieur du premier mur, vne corde trauersant les cinq ceintures de murailles, nous auons treuué, deux cent pieds de distance, & douze toises d’vne ceinture à l’autre. Or dans le terrain de cette place, se treuue lors qu’on y beche, nombre de medailles, sous le nom des Valeriains, père & fils, des Galliens, Posthumes, & des Vic[9]torins, mais des autres Empereurs precedens, ou qui ont suiui, point du tout, en sorte qu’il y a lieu de croire, cét ouurage estre d’enuiron l’an de N. S. CCLX. & les raisons que nous allons en donner feront iour à cette coniecture. Car, que ces ruines ayent autresfois serui pour vn Amphitheatre, aucun n’en peut douter, qui aura quelque vsage dans l’antiquité. La forme du lieu, comparée legerement auec tous les autres Amphitheatres que l’on void par tout, le monstre, ayant apris de Vitruue, que tous Amphitheatres, grands ou petits doiuent avoir des voyettes, descentes et montées, des sieges, degrez, tribunes, c’est à dire estre composés de mesmes parties : & dans la Sciographie de celuicy nous trouuons toutes les pieces des autres colisées. Il est ouale comme ceux de Rome, tel que le gentil Poete Calpurnius nous decrit le Theatre de l’Empereur Carin en cette sorte. Et geminis medium se collibus alligat ouum. Ce que l’on faisoit, afin que les regardans eussent la commodité de voir plus à leur aise, d’autant que vne rondeur ouale & plus estenduë, ramasse mieux en vn point tout ce qui se pre[11]sente à l’œil. Nous y voyons le premier mur qui ferme la place, & portoit le podium ou premiere gallerie, garnie de colomnes & balustres pour seruir d’accoudouërs. Nous y voyons les ruines apparentes des cabinets ou suggestes, dans lesquels se plaçoient les Princes, ou bien ceux qui faisoient la depence des Ieux. Nous auons les fosses ou caueaux, qui seruoient à la garde & issue des bestes destinées pour la chasse, ou les combats. Nous auons les ceintures, argumens certains de la rondeur & hauteur de tout l’ouurage, qui deuoit estre exalté à perte de veuë, comme escrit Amian du Colisée, par ce que tous ceux dont nous voyons les plans, ou que nous auons peu voir, n’ayants que trois ou quatre couronnes, celui cy nous en presente cinq lesquels seruoient a soustenir tout le poids des sieges, destinez pour loger tout le peuple, (sic) Au dedans, estoient les arcades & allées pour monter aux marches, autres pour y descendre, des reposoirs, des canaux, voyettes, d’étours, chaises, & portiques, tels que les decrit Vitruue au cinquiesme (sic), ch. 7. Nous y voyons encores tout aupres les vestiges & le nom du lieu reserué pour y brusler les [13] corps des escrimeurs tuez, iustifié nettement par vn tiltre étant dans le Thresor de S. Aulbin, qui nomme vn champ dependant de la Sacristie, ROGVS, le champ du bucher. […] [31] cét Amphitheatre est du temps d’Aurelian, soit pour y auoir esté basti premierement, soit pour y auoir été reparé, la dedication s’en faisant sous le nom d’Apollon, à l’honneur du Prince qui commandoit lors, auquel nous sçauons tous que les nations qu’il commandoit rendoient les honneurs de leurs deitez par les Temples, & toutes sortes de sacrifices. »