GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Bordeaux (Gironde, 33)
Sujet(s) Piliers de Tutelle
 
Auteur(s) Perrault, Claude
  Médecin et architecte (1613-1688)
Support Manuscrit
Date 1669
Inscription
Références Paris, BnF, m. fr. 24713, ff. 127v°-128v°
Bibliographie

Bonnefon 1909, p. 183-185 ; Étienne 1962, p. 187-191 ; Lemerle 2005, p. 104

Remarques

L’édifice (IIIe siècle), constitué à l’origine de vingt-quatre colonnes corinthiennes, fut rasé en 1677. Le Pautre grava le plan pour la seconde édition du Vitruve (Perrault 1684, p. 219)

Transcription 

« Apres disner nous fusmes voir un edifice fort antique qu’on apelle les piliers de tutele. Il est au milieu de la ville : on y entre par un cabaret a qui cet edifice sert de jardin. Il y a un stylobate continu haut environ de onze pieds, compris sa base et sa corniche. Ce stylobate en soutient un second pareil sur lequel des colonnes disposées selon le genre pycnostyle sont posées. Ces colonnes qui ont 4 pieds ½ de diametre sont composées de plusieurs tambours de deux pieds de hauteur d’une belle et bonne pierre. Les jointures des tambours sont si serrées quon ne peut y introduire la pointe d’un couteau. Ces colonnes etoient au nombre de 24 mais il y en a 7 qui manquent. Elias Vinet qui a commenté Ausone il y a 100 ans dit que de son temps il ny en manquait que six et il paroist par la figure quil a mise dans son livre que celle qui est marquee A est tombée depuis ce temps la [Plan de l’édifice]. Celles qui sont marquees B et C sont endomagées [128] de coups de canon ayant été battues au dernier siege de bordeaux du chasteau trompette qui est lopposite [Illustration plan]. Ceux de bordeaux avoient mis une batterie au milieu de ces colonnes qui servoient de gabions. Ces colonnes sont dordre corinthien ; les feuillages des chapiteaux sont a feuillles d’Acanthe assez mal tailleees toutes les volutes sont rompues. Les canelures sous lastragale sont evasées contre [128v°] lordinaire comme il est ici marqué [Illustration colonne]. Par le bas au dessus de la base elles sont comme on a acoutumé de les faire. Il y a quelques unes de ces colonnes qui ne sont point achevéees par le bas et qui ont eté construites selon cette manière des anciens dans la quelle on ne tailloit que les joints des pierres et on reservoit a tailler les parements après les avoir posées. Ces colonnes ne soutiennent point dautres ornemens que l’Architrave ayant au lieu de frise des Arcades dont les impostes sont soutenues par des figures de demirelief en forme de caryatides et sur les impostes au droit des figures il y a des vases qui ne sortent aussi qu’à moitié du mur au dessus des arcades et des vases il y a encore un Architrave et on ne scauroit dire sil y avoit quelque chose au dessus.
Les stylobates dont il a eté parlé ne sont que par dehors car par dedans les bases des colonnes posent sur le plancher qui est a ce qu’on peut juger le ciel d’une carriere dont on a tiré des pierres : car ce plancher est par-dessous tout plat et non vouté mais soutenu par un mur basti de petites pierres qui nont pas plus de cinq pouces en quarré. Cet edifice a dans œuvre 13 toises de long et neuf de large. Il est bien difficile de juger ce que cestoit car il ne peut passer ni pour temple ni pour basilique et il n’y a point dapparence quil ait eté couvert que de charpenterie n’ayant point d’arcs boutants qui pussent soutenir la poussée d’une voute de neuf toises de large. »