GALLIA ROMANA

Étienne 1962, p. 187-191 ; Keiser 1968 ; Le Roy Ladurie 1995 ; Le Roy Ladurie 2000 ; Lemerle 2005, p. 28-31, 104

L’édifice (III^e siècle), constitué à l’origine de vingt-quatre colonnes corinthiennes, fut rasé en 1677. Les passages en italique sont des ajouts de Platter postérieurs à la rédaction d’ensemble mise au point en 1604-1605

« Sie haben den Römeren gesatz gehalten, welches aub dem alten gebeüw, so (Palatium Tutelae, Palais Tutelaire) schirm platz genennet wirdt, abgenommen kan werden, der von den Römeren erbauwen unndt ihrem gott, dem sie die statt bevohlen, zugeignet ist worden, wie sie dann eigene götter (deos tutelares) ihnen erwehlet haben, denen sie ihre stett sonderlich bevohlen. Dabelbig gebeüw ist vorzeiten auberthalb der statt gewesen, nun aber indie statt eingeschloben worden, ist von einem vierecketen, gehauwenen stein auf die alte manier erbauwen. [400] Unndt hatt 87 schu in der lenge, 63 in der breite. Innwendig sindt (fornices) flache schwibbögen, wie die alten pfleget haben zebauwen. Oben ist dab gebeüw, so auch vierecket, gantz offen, hatt kein tach. Sindt noch 18 grobe seülen, in welchen ettliche bildtnuben alter Römeren aubgehauwen sindt, aufrecht, darauf dab gantz vierecket gebeüw neben anderen, die hinweg, gesetzet wahre worden. Haltet yegliche seül bey 24 spannen in der ründe.
Oben auf in dem gebeüw in den (ruderibus) überblibenen stucken ist ein garten. Under demselbigen, in der erden, ist ein weinkeller, welcher nitt gewelbet, sondern gantz flach ohne stützen durch ein wunderbahre alte Römer kunst von ihnen aufgerichtet worden, dorab sich meniglich verwunderet, unndt ligt wein darinnen. Ettlich wellen, dises ort seye ein (facinorosorum refiugium) freyheit der flüchtigen zu Römeren zeiten gewesen, andere halten es fr dab capitolium. »
= « La preuve en est le palais de tutelle, palatium tutelae, un ancien monument, qui fut bâti par les Romains. Ils l’avaient dédié à leur dieu, auquel ils avaient remis leur destin. Car ces gens avaient sélectionné leurs propres dieux, deos tutelares ou dieux tutélaires, auxquels ils vouaient plus particulièrement leurs villes. Dans le temps, ce bâtiment des « piliers de tutelle » était situé à l’extérieur de Bordeaux, mais maintenant il est inclus dans la ville. Il est construit en pierres de taille carrées, à la mode antique. Il a 87 pieds en longueur, et 63 en largeur. À l’intérieur, on voit des arcatures de voûtes plates (fornices) telles que les Anciens avaient coutume d’en faire. Par-dessus, le bâtiment est quadrangulaire, très ouvert et dépourvu de toit. Se dressent encore dix-huit grandes colonnes, sur lesquelles on a taillé en bas relief plusieurs effigies des Romains de l’Antiquité. La partie supérieure du grand bâtiment carré reposait sur ces colonnes et sur quelques autres piliers qui ont disparu depuis. Chacune de ces colonnes a vingt-quatre empans de circonférence.
En amont de l’édifice, parmi les décombres archéologiques, in ruderibus, il y a un jardin ; il surmonte une cave à vin, souterraine ; elle n’est point voûtée et son plafond, plat, n’est pas soutenu par des colonnes. Ce sont les vieux Romains qui, avec leur art merveilleux, l’ont construite, et cela provoque l’admiration de beaucoup de gens. On entrepose du vin dans cette cave. Plusieurs personnes pensent qu’à l’époque romaine les criminels s’en servaient comme d’un refuge, facinorosorum refugium, et que c’était un lieu de liberté pour les fuyards. D’autres estiment qu’il s’agit là d’un capitole, capitolium. » (trad. Le Roy Ladurie 2000, p. 564-565)