GALLIA ROMANA

Database of texts and images
Of Gallo-Roman antiquities (15th-17th centuries)

Notice

Ville Bordeaux (Gironde, 33)
Subject(s) Roman city walls
 
Author(s) Vinet, Élie
  Humanist and scholar from Bordeaux (1509-1587)
Resource type Printed book
Date 1565
Inscription
References Vinet 1565, ff. B 2v°-D 1v°
Bibliography

DLF XVIe siècle, pp. 1193-1194 ; Étienne 1962, pp. 204-211 ; Barraud/Linières/Maurin 1996, pp. 15-75 ; Lemerle 2005, pp. 66, 103

Remarks Vinet's book was republished in 1574
Transcription 

« Ces murs quarrés, sont vieilles murailles de ville : mais ni ces murs ici, ni les susdits assés improprement appellés palais de Galiene et Tutele, ne parlent point, pour savoir d’eus en quel temps ils ont esté ainsi droissés. Il n’i a rien escript, non pas une seule petite letre en tout cela, de sorte que qui voudra savoir de l’antiquité de Bourdeaus, il est besoin, qu’il s’adroisse aux vieus aucteurs Gregeois et Latins, si davanture quelqu’un en a fait mention. [...] [C 4] Laquelle description [d’Ausone] convient si bien aus vieilles murailles de ville, dont avons parlé ci dessus, que je ne fais nul doute, que ce ne soient celles de la ville du temps d’Ausone. la matiere de ces murs là et la façon sont diuerses des murailles qu’on fait a present, et qu’on a fait, en mon advis, depuis mille ans en ça. les fondemens sont de pierre de taille, la plus part : là ou il s’en trouve de si longs et gros quartiers, qu’on s’estonne, comment on les a là pu amener de loing. Le reste est de petite pierre dure, fort justement esquarrée, et assemblée : et entre plusieurs couches de telle pierre, aucuns rancs de brique mout belle, de deus ou trois dois d’espoisseur, et fort longue et large : le tout si justement compassé, et nivellé que ni sauriés, que reprandre, ains trouverriés prou d’occasion de vous esmerveiller du savoir, esprit, grand soin, et travail de noz antiens. De pareille matiere et [C 4v°] structure se voient encores auiourd’hui prou de demourans de murailles de ce vieil temps là par la Gaule et ailleurs [...]. De cest antien Bourdeaus donque quarré, non vraiement quarré, comme la Babylon de la Rome Semiramis, mais quarré longuet, c’est adire, quelque peu plus long que large, je recognois ung bout par des reliques de muraille de telle matiere et façon que venons de dire, qui commance derriere l’église Saint André, assis pres de l’abbrevoir du Peaugne, et passant par la maison de l’archevesque, tire droit a une tour ronde de semblable façon : laquelle se monstre outre porte Dijos, quasi au droit du bourg de Saint Severin, et devant les petits Cordeliers. Cela estoit la largeur de la ville. ung costé de la longeur se reconnoist assés parce qui reste de vieille muraille dés ceste tour ici, jusques pres la riviere, par le logis, qui fut du seigneur de Duras, par Puispaulin, et Saint Remis. Jouxte la riviere estoit l’autre bout de la ville, là ou je n’ay advisé aucuns demourans de ceste antiquité. A la place du palais, [D 1] commançoit l’autre costé. passoit par ce palais et la maison du seigneur de Lansac : là ou se monstrent encores quelques lopins du vieil mur : et tiroit de là le long du Peaugue, qui couloit par le fossé de la ville, jusque au lieu que venons de dire derriere Saint André. Ici n’i a faute de bonnes enseignes de ce que dis, grand’ partie de l’antien mur encore entier et debout, d’environ douze piés de largeur, et trente de hauteur : et en icellui deus portes de ville entieres.
Voila donques de vieilles murailles d’une petite ville de figure quarrée telle, qu’Ausone paint son Bourdeaus : mais toutefois il y a a douter, si cela est le premier Bourdeaus : et si c’est il, a savoir, si ces murailles ici sont les premieres murailles de ladite ville, car aus fondemens de ces vieus murs se trouve grand’quantité de pierres ouvrées, qui ont jadis servi a temples et edifices : des pierres de colonnes canelées et d’autre sorte, medailles en pierre, images, epitaphes, et inscriptions de letre et langage latin, et non d’autre […]. Par lesquelles reliques d’antiquité semble, que cela ne sont les premieres murailles de Bourdeaus, ains qu’il a esté quelque fois ruiné : [D 1v°] et que ces murs ici ont esté faits de ces ruines là. Davantage, que lesdits murs ne sont de trop grande antiquité. […] Cela dis-ie, que je voi pour le jourd’hui se trouver aus fondemens des vieus murs quarrés, qu’Ausone baille a sa ville, nous fait douter de l’antieneté desdites murailles : et ne pouvons pour ceste heure asseurer, que Bourdeaus soit ville murée de guere plus long temps, que de cellui de son Ausone : qui descrivoit ainsi sa ville environ quatre cens ans apres la nativité de JESUSCHRIST. »