GALLIA ROMANA

Database of texts and images
Of Gallo-Roman antiquities (15th-17th centuries)

Notice

Ville Vienne (Isère, 38)
Subject(s) Aqueducts
 
Author(s) Chorier, Nicolas
  Lawyer and historian from the Dauphiné province (1612-1692)
Resource type Printed book
Date 1658
Inscription
References Chorier 1658, pp. 149, 361, 441-444
Bibliography

DLF XVIIe siècle, p. 281 ; Pelletier 1982, pp. 131-138 ; Lemerle 2003, pp. 10-14 ; Lemerle 2005, p. 95

Remarks
Transcription 

« On voit mesme (non guere loing [du territoire de Cumelle]) des Aqueducs sousterrains, que le Peuple peu judicieux, croit avoir une autre issue au delà du Rhosne, & respondre à quelques autres, qui descendent du Chasteau du Pipet. [...] [361] Plusieurs Masures & restes d’Aqueducs qui respondent icy, semblent confirmer le sentiment que fait naistre l’origine de ce nom [Romestang]. [...]. [441] Derrière sainte Blandine vers le Levant sont les Territoires de Gotheline, & de [442] Bois-Royal, tous deux remarquables par les anciens Aqueducs qui les entrecoupent de tous costez. Non seulement les eaux de la Jere estoient conduites par ces Aqueducs, mais aussi divers Ruisseaux qu’ils recevoient de plusieurs endroits. En effet, quelques uns de ces merveilleux Conduits ont leur naissance vers le midy, comme la plus part l’ont vers le Levant. Ils ne sont pas appuyez sur des arcs en ce lieu, qui estant assez eslevé de soy-mesme, n’a pas eu besoin de cette ayde, mais il est certain que d’autres l’estoient en des endroits plus bas & moins favorables, & c’est d’où ce Territoire qui est appelé la Plaine des Arcs au dessus du Pont-Evesque, a tiré son nom. Il est vray qu’il n’en reste plus de marque, mais ceux-cy qui ont resisté au temps, nous apprennent assez ce qu’ont pu estre les autres, qui luy ont cedé. Ils sont tous bastis avecque tant d’art, & liez d’un ciment si fort, qu’il est impossible d’en rien detacher, sans une extreme violence. Les uns sont plus larges & plus spatieux que les autres, & quoy qu’ils viennent de divers endroits, il est evident qu’ils tendoient tous à une mesme fin. Ils portoient ces eaux dans Vienne, où ils les ditribuoient de la maniere que nous avons desja observée. C’est une chose digne d’estre admirée, qu’il y en a de si hauts & de si larges que plusieurs peuvent s’y promener facilement de front, & certes on en a accomodé à cét usage aupres de Pipet, dans des vignes, où ils tiennent lieu de tout autre bastiment. Mais c’est une plus grande merveille, qu’il y en avoit qui pene[443]troient du costé du North ce solide massif, sur lequel est assis le Chasteau de Pipet, quoy qu’il soit haut & d’une telle largeur qu’il a merité d’estre appelé le Mont-artificiel. Ils perçoient de l’autre costé vers le Midy, bien que le lieu de leur issue soit entierement inconnu. Je me figure qu’ils portoient de ce costé l’eau necessaire à l’Amphitheatre qui estoit au dessous, au Temple de Mars, aux Bains, & aux Naumachies. Mais des plus grands & des plus considerables, les uns passoient au travers de la ville, & avoient leur emboucheure dans le Rhosne, un peu au dessous du Pont où elle est encore visible, & les autres flechissoient vers le Septentrion, pour l’usage du Palais Imperial qui occupoit cette eminence qui l’est aujourd’huy par la Maison des Peres de la Compagnie de JESVS, & par le Convent des Peres Capucins. On en voit un tres-entier dans le bas Jardin de ceux-cy, il passe au dessous de l’Eglise, & delà il descend en bas où il rendoit les eaux qui luy restoient à des Bains dont les Masures meritent d’estre veuës, dans une Maison contigue au Pont de saint Martin. Ils estoient divisez en tant de rameaux, soit pour arrouser Vienne, soit pour la nettoyer, qu’elle ne merite pas moins que Rome le nom de Ville suspendue, que Jule Frontin a donné à cette Reyne du Monde. Neantmoins je ne sçaurois me persuader qu’il soit vray, comme le veut un sentiment mal appuyé que l’on fait passer pour une tradition, qu’une certaine voute sousterraine ne descend pas seulement du Chasteau de Pipet, [444] jusques au Rhosne, mais qu’elle passe aussi jusques à l’autre rivage, sous les montagnes de ses eaux. »