GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Orange (Vaucluse, 84)
Sujet(s) Théâtre
 
Auteur(s) Zinzerling, Just
  Érudit hollandais (1590-1618)
Support Imprimé
Date 1616
Inscription
Références Zinzerling 1616, p. 258-262
Bibliographie

Bernard 1859, p. 1-14 ; Lemerle 2003, p. 17-20 ; Lemerle 2005, p. 32-33, 94 ; Roumégoux 2009, p. 231-243

Remarques
Transcription 

« ‘Lesdicts Romains, pour ganer la bonne grace du peuple, embellirent aussi ladicte ville d’Orange, d’un cirque qui est au pied de la montaigne en forme de theatre, que le vulgaire appelle Circ par abus, ayant devant et en perspective un des plus beaux ponts par des murailles, qui soit en Europe, tenant 18. cannes de hauteur, 64 et un quart de long, ce qui revient à 227. pieds français, duquel les jeux et combats se faisoient tantost des hommes seuls, et tantost avec les bestes sauvages, comme Ours, Taureaux, Lyons, Pantheres, et quelquesfois les hommes combat[259]toyent entre eux à pied ou à cheval, dans ces lices et stades telles que celle qu’on voit au devant dudit cirque, ce qui se peut verifier par les marques des bastimens qui sont encor au dehors d’iceluy, par ou on voit les sieges des spectateurs faicts en forme de degrez, et en voutes basses tirant contre-mont la montaigne, servant pour toutes sortes de personnes : mais principalement pour les chevaliers, lesquels sieges estoient appellez par les mesmes Romains Cannae ; on y remarque encore par dedans et sur le milieu des colomnes parquets, capitaux et une cornice de marbre richement entaillée, fort eslevée, ou possible estoit le lieu destiné pour le siege des Consuls et autres personnes, appellé Podium, ou pieça estoit l’Orchestre, là où les Magistrats se tenoyent, ou plutost ce devoit estre le siege des Empereurs ou leurs Lieutenans, qui estoit eminent et eslevé, appelé Suggestum, comme l’endroit ou ladicte cornice est posée : laquelle marque par la richesse de ces ouvrages, la dignité de la place destinée pour le siege des plus honorables personnes. Il y a aussi plusieurs arcs et portes en ladicte muraille, fermans ledict cirque du costé du Septentrion, dont [260] il y en a une au milieu très-grande comme la principale, les autres estant tellement proportionné, et d’un costé et d’autre, avec leurs pilastres chapiteaux et corniches que cet edifice est du tout admirable. Mais il a grande apparence que lesdictes portes qui ont esté fermées puis peu de temps, comme se voit par le bastiment d’icelles qui n’est gueres vieux, servant principalement pour le passage des hommes et des bêtes destinées au combat [...]. Et quant aux deux corps de logis qui sont à chasque bout dudit cirque, il y a apparence que c’estoyent ordinairement les Theatres et Amphitheatres, pour enserrer les bestes sauvages [...], et l’autre servoit pour enfermer les gladiateurs, et les en faire sortir pour entrer au combat ou d’homme à homme, ou avec les bestes : Car quelquesfois les hommes comme les prisonniers de guerre et les Chrestiens du temps des Empereurs estoyent exposez aux bestes, dans les Theatres, pour donner passe-temps au [261] peuple [...]. Laquelle sorte de combat estoit extremement cruelle et effroyable se faisant de sang froid. C’est pourquoy la plus part du temps ceux qui estoyent condamnez à tels spectacles aimoient mieux se desfaire de leurs propres mains, que de servir de passetemps au peuple, et de pasture aux animaux. Or tous ces combats se faisoyent premierement, lors qu’on devoit aller en quelque expédition, et à la guerre, pour accoustumer les soldats aux armes et combats, et au sang, et lors desdits combats, on avoit accoustumé de jetter du sable au fond du Theatre, à fin que le sang ne fist horreur aux gladiateurs, et pour y aller plus à l’aise. C’est pourquoi on appelle les cirques et theatres des Arenes, on avait aussi dans ledit cirque des degrez servans pour monter aux sieges et lieux plus eslevés et eminents.’
Atque hæc ita in commune credita fuerunt. Aliter hac de re sensit Isacius qui arcum illum non Marii sed Q. Fab. Maximi trophæum fuisse njicit : cum ex authoritate Flori, [262] tum quod in ipso Arcu, qua parte Lugdunum spectat, statuæ Regis manus a tergo devinctas habentis in pectore inscriptum BVDVACVS : quod nominis Arvernis usitatum apud Florum, & inscriptioni veteri apud Goltzium, tum simile fœminæ apud Tacitum restituendum sit. Observavit idem tres veluti effigies triumphantium in hoc arcu conspici, quas opinatur esse C. Sexti, Cn. Domitii Ænobarbi, & Q. Fabii Maximi : a quorum primo tentata potissimum hæc Galiæ pars ab Ænobarbo victoriis plurimis conquassata, tandemque succedente Fabio Maximo, superatoque postremum Buduaco in provinciam redacta fuit. »
= « ‘Lesdits Romains, pour gagner les bonnes grâces du peuple, embellirent aussi ladite ville d’Orange, etc. […]’. Voilà ce qui est généralement admis, mais Isacius, dans Itinéraire de la Gaule Narbonnaise, exprime une opinion différente ; suivant lui, cet arc n’a pas été élevé par Marius, mais Q. Fab. Maximus ; il s’appuie d’une part sur le témoignage de Florus, d’autre part, sur ce que l’arc lui-même, du côté où il regarde de Lyon, présente la statue d’un roi qui a les mains liées derrière le dos, et qui porte sur la poitrine le nom de Buduacus, très usité chez les Arvernes. Le même auteur croit avoir remarqué sur le monument en question les portraits de trois triomphateurs qu’il pense être : C. Sextius, Cn. Domitius Aenobarbus, et Q. Fabius Maximus : parmi lesquels le premier attaqua principalement cette partie de la Gaule, tandis que le second l’affaiblit par plusieurs victoires, et que le troisième, ayant défait Buduacus, la réduisit en province romaine. » (trad. Bernard 1859, p. 239-243)