GALLIA ROMANA

Lemerle 2003, pp. 17-20 ; Lemerle 2005, pp. 93-94 ; Roumégoux 2009, pp. 181-183

« Strabon parle de ce combat, mais il se manque au lieu, car il ne se fit pas en l’endroit qu’il designe, il fait mention aussi de ces Arcs de triomphe, & de deux Temples que Fabius fit bastir dans Orange, dont l’vn fut dedié à Mars, & l’autre à Hercule ; voicy la traduction Françoise de ce passage, Au lieu où la Lisere & le Rosne s’assemblent deux cens mille Gaulois furent tuez, & là fut eslevé un trophée de pierre blanche, & on y bastit aussi deux Temples, l’vn dedié à Mars, & l’autre à Hercule ; Florus parle fort elegamment de ces Arcs triomphaux ; i’ay traduit icy ce qu’il en dit, Domitius Ænobardus, & Fabius Maximus firent esleuer au lieu où ils combattirent, de grands monceaux de pierres, & mirent dessus des trophées faits des despoüilles des vaincus : Pour Boduacus il seruit dans Rome à la Pompe du Triomphe de Domitius.
Ces Arcs Triomphaux de Fabius & de Domitius, sont prés d’Orange, & se voyent encore à demy desmolis : ce qui reste d’entier, represente d’vn coste une bataille & de l’autre un Roy lié, qu’on mene en triomphe auec ce mot sur la poitrine Boduacus. Appian au [p. 35] liure qu’il intitule les Celtes, en parle fort au long ; Strabon raconte cette victoire de Fabus & de Domitius d’autre façon, & dit, que Boduacus qu’il appelle Bituit, fut pris en combatant sur un chariot d’argent : sans doute qu’Strabon qui vivoit du temps d’Auguste ; bien qu’il ne fut pas Romain, & qu’il ait escrit son Histoire en Grec ; à tiré ce qu’il dit de cette Decade de Tite-Liue, qui s’est depuis perduë : mais ne pouvant dire cela que par coniecture, i’ayme mieux croire ce que Valere le Grand en dit, puis qu’il est à l’auantage des Gaulois ; y ayant d’ailleurs apparence que l’artifice ait plutost vaincu Boduacus que la force, puis qu’il avoit une armée si puissante, & qu’vn Historien Romain est contraint mesme de l’advoüer : Strabon dit aussi de Boduacus qu’il estoit si magnifique, qu’il faisoit de grandes largesses par tout où il passoit, & tous les iours ce Prince faisoit, dit-il, ce que les autres font le iour de leur coronnement ».