GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Orange (Vaucluse, 84)
Sujet(s) Arc de triomphe
 
Auteur(s) Gölnitz, Abraham
  Géographe et cartographe, originaire de Dantzig (15.. ?–16.. ?)
Support Imprimé
Date 1631
Inscription
Références Gölnitz 1631, p. 465-466
Bibliographie

Macé 1858 ; Lemerle 2003, p. 17-20 ; Lemerle 2005, p. 34-35, 93-94 ; Roumégoux 2009, p. 181-183

Remarques
Transcription 

« Alterum, quod extra urbem videas, nimirum extra portam quâ Lugdunum itur, est arcus triumphalis C. Marii Cos. Romani, monumentum totius Galliae antiquissimum. Hunc arcum dicitur posuisse postquam in agro illo Cimbros devicisset, adjutus Catuli subsidio, ita ut uno die C XL M LX fuderit Totum hoc monumentum quadratâ formâ fiat : cujus inferior pars & concava in formam arcûs est fornicata, tribusque portis & cameris dscriminata, quarum lapides veteri artificio sunt incisi & exornati. Anticâ & primâ exterioris muri parte repræsentantur trophæa omnis generis terrâ facta, ut sunt scuta, hastæ, cuspides, clypei, thoraces, parmæ, telorum fasciculi ; lupi item, qui signa erant militaria. Superiori parte nautica extant trophæa, sed vetustate exesa vix lineamenta ostendunt. nec dubium est quin verba quædam superscripta fuerint, testibus vestigiis ; sed vetustate temporis abiêre. de his Ausonius verò :
[466] Miramur periisse homines, monumenta fatiscunt :
Mors etiam saxis nominibusque venit.

Trophæis istis nauticis imposita fuit imago sculpta cujusdam sagæ, quæ digitum auri immittens, videtur eventus consiliorum signare velle. Hæc ex Syria oriunda, aliquando in spectaculo gladiatorio uxori C. Marii prædicens quisnam congredientium futurus esset victor, mox ab uxore ad maritum C. Marium missa est, qui eam honorare secumque in lectica circumducere voluit ; ejusque suasu & præmonstratione prælia solùm inivit. Ad hanc sagam prælia sculpta repræsentantur. Altera arcûs quadra, dextrorsum, habet & nautica & terrestria trophæa ; ibi tres thoraces grandiores, quibus singulis bina præposita sunt semicomesa capita. Tertia, grandiora habet & navalia & terrestria trophæa ; inter illa malus & vela adhuc conspiciuntur, nec non litui, quorum usus erat auguribus in captandis vaticiniis ; Ibidem. Videre est prælium inter Cimbros & Romanos. Quarta ostendit triumphum, quo Cimbros captos vinctosque Roman duxerit. »
= « Un autre monument à visiter en dehors de la ville, et placé près de la porte par laquelle on va à Lyon, est l’arc de triomphe de C. Marius, consul romain, le monument le plus ancien de toute la France. On prétend qu’il éleva ce monument après avoir vaincu les Cimbres dans ce lieu, avec l’appui de Catulus, et en avoir taillé en pièces 140 060 dans un seul jour. Tout ce monument est de forme carrée ; mais la partie inférieure et creuse a été voûtée en arc, et l’on y voit trois portes et trois salles dont les pierres ont été ciselées et ornées d’antiques sculptures. Dans la première partie, celle de la façade du mur extérieur, sont représentés des trophées de tout genre et des armes de terre, boucliers larges, lances, piques, boucliers ronds, cuirasses, boucliers ovales, faisceaux de traits, enfin les louves qui couronnaient les enseignes militaires. À la partie supérieure, sont des trophées nautiques, mais rongés par le temps, et dont on aperçoit à peine les lignes. Il n’est pas non plus douteux qu’il n’y ait eu là quelques inscritpions, dont on aperçoit encore les traces, mais que le temps a fait disparaître. C’est bien ce qui dit Ausone : MIRAMUR PERIISSE HOMINES ; MONUMENTA FATISCUNT :
MORS ETIAM SAXIS NOMINIBUSQUE VENIT.
À ces trophées nautiques fut ajoutée la figure sculptée d’une sorcière mettant le doigt dans son oreille, et semblant ainsi annoncer l’accomplissement de ses conseils. Celle-ci originaire de Syrie, prédit un jour à la femme de Marius, dans un combat de gladiateurs, quel serait le vainqueur parmi les combattants, et fut envoyée par l’épouse de Marius à son mari, qui voulut l’honorer et l’emmener avec lui dans sa litière, et qui ne livra de batailles que d’après ses conseils et ses prédictions. Auprès de cette sorcière sont des bas-reliefs représentant des combats. Un autre côté de l’arc, à droite, est également revêtu de trophées maritimes et terrestres ; et l’on y remarque trois grandes cuirasses au-dessus de chacune desquelles sont placées deux têtes à moitié rongées. Le troisième côté a également des trophées de combats sur terre et sur mer, mais plus grands ; on y distingue un mât et des voiles, et des bâtons courbés dont les augures se servaient pour leurs prédictions ; on y voit également le combat entre les Cimbres et les Romains. Le quatrième côté représente le triomphe de Marius conduisant à Rome les Cimbres captifs et enchaînés. » (trad. Macé 1858, p. 163-166)