GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Orange (Vaucluse, 84)
Sujet(s) Arc de triomphe
 
Auteur(s) Zinzerling, Just
  Érudit hollandais (1590-1618)
Support Imprimé
Date 1616
Inscription
Références Zinzerling 1616, p. 254-258
Bibliographie

Bernard 1859, p. 1-14 ; Lemerle 2003, p. 17-20 ; Lemerle 2005, p. 32-33, 93-94 ; Roumégoux 2009, p. 181-183

Remarques
Transcription 

« Antiquitates monimenta hic sunt Arcuum Marii, (sic vulgo vocant) Theatri & Templi Dianae reliquiae. De Arcu & Theatro hæc amico meo Arausione communicata fuerunt Gallicè scripta ; unde ego quam potui ex scripsi. Hiatibus ignosces.
Les Romains, jugeans la ville d’Orange digne de leur(s) monuments, ils l’embellirent de ce grand arc triumphal dressé, cent ans avant la Nativité de nostre Seigneur Jesu (sic) Christ à l’honneur de C. Marius et Catulus Luctatius Consuls romains apres la victoire obtenuë par eux sur le (sic) Teutons et Alimbrons Cimbres, qui [255] furent vaincus plusieurs fois en bataille rangee, ainsi que les historiens et marques dudit monument tesmoignent, et de faict les combats et batailles s’en peuvent encore remarquer par les ouvrages relevez du costé du midy et septentrion, où l’on voit les representations des pavois, picques, targes et autres sortes d’armes des Romains, des navires brisees, des cordages, des masts, tridens, et autres pieces servans à la navigation. Mais principalement les noms desdicts Marius et Catulus qui se lisent fort apertement en deux endroicts, et par la figure des gens à pied et cheval, les uns rendans le combat, les autres emportez par le fort (sic) et fureur de la guerre. On voit aussi en un coing la figure de Marche [Marthe] Sirienne Pithonisse tenant le doigt à l’aureille, de laquelle ledict Marius se servoit pour la prediction des choses à venir et succès des batailles, la faisant conduire avec honneur et reverence dans une litiere vestuë d’une grande robbe de pourpre, et assister aux sacrifices, l’ayant en admiration à cause des merveilles qu’on disoit qu’elle avoit faict à Rome en presence de la femme dudict Marius, ainsi que Plutarque et autres historiens ont laissé par escript, et à [256] l’opposite, du costé de Septentrion tirant au levant on voit la marque de l’enseigne et riflame des Romains appellé labarum, lequel ils faisoyent porter par cinquante Chevaliers, qu’ils appelloyent præpositos labarorum, les jours des batailles et combats, en laquelle enseigne consistoit une partie de l’honneur et de la grandeur de l’empire. On y voit aussi de la forme et la figure de toutes les pieces desquelles les mesmes Romains se servoyent en leurs sacrifices. On void aussi sur le midy les effigies des chefs de leurs ennemis me en triomphe, ayans les mains liêes par derriere, et le nom du Roy de cette grande armée des Barbares, appelé Tauro-Bacchus, comme tesmoigne quelque historien, se trouve escript sur une grande pierre dudict bastiment, qui est cheute par l’injure du temps, duquel nous n’avons autre tesmoignage que celuy qui en a esté laissé par ceux qui nous ont precedez. Mais en tout ce bastiment, il semble qu’il n’y a rien de plus remarquable que la structure et la magnificence du grand portail […] qui est au milieu de deux autres petits arcs bastis des grandes pierres avec leur pilastre […] chapiteaux frisez, et autres ouvrages admi[257]rables. Or les plus grands combats qui sont representez audit arc, se firent en Provence, près la ville d’Aix, et encor, comme aucuns estiment avec quelque apparence, près d’un lieu qu’on appelle Pourrieres, ou les mesmes Romains laisserent les marques de leurs victoires par les monuments qu’ils y firent dresser, l’Antiquité desquels se voit encores malgré des ans : c’est pourquoy on a parlé depuis toujours en mémoire de ceste grande journée, et les combats qui furent faits en ce quartier là ; et se parle encore du triomphe de Pourrieres. […] [258] En somme, cet arc triumphal est admirable, tant par son antiquité, que pour la rareté des ouvrages relevez, qui presentent lesdictes batailles.’ »
= « Les monuments antiques qu’on rencontre ici sont l’arc de Marius, et les ruines du théâtre et du temple de Diane. Voici ce que l’on communiqua en français à mon ami, dans la ville même, relativement aux deux premiers : ‘Les Romains, jugeant la ville d’Orange digne de leurs monuments, etc.’ » (trad. Bernard 1859, p. 236-239)