GALLIA ROMANA

Corpus des textes et représentations
des antiquités gallo-romaines (XVe siècle - XVIIe siècle)

Notice

Ville Grenoble (Isère, 38)
Sujet(s) Portes
 
Auteur(s) Du Rivail, Aymar
  Jurisconsulte et historien dauphinois (c1490-c1560)
Support Manuscrit
Date 1535
Inscription
Références Du Rivail 6014, I= Terrebasse 1844, p. 38-42
Bibliographie

DLF XVIe siècle, p. 446 ; Terrebasse 1844 ; Macé 1852 ; Chatel 1990, p. 17-24 ; Michel 1999, p. 53-54, 110-115 ; Lemerle 2005, p. 58, 84

Remarques

Les deux portes de l’enceinte construites par Dioclétien et Maximien portaient une inscription identique, à l’exception de leur nom indiqué à la fin qui renvoie à un élément de la titulature de chacun des deux empereurs : Jupiter (« Jovia ») pour Dioclétien ; Hercule (« Herculea ») pour Maximien. La porte Traine fut détruite en 1591 ; la porte Viennoise fut démolie au début du XIXe siècle (1802-1810)

Transcription 

« Et a Trojanis Cularonam fuisse conditam est argumento una ejusdem porta ad meridiem versa, quam adhuc cives Trojanam vocant. […] [39] Hæc etiam porta Trojana, Romanis suum imperium usque ad Allobroges postea ampliantibus, Romana quoque dicta est, quod per eam Romam versus iter patebat. Altera porta qua Viennam ibatur a parte Isaræ Viennensis appellabatur. […] Cularonam postea muris et ædificiis Diocletianus et Maximianus imperatores restauraverunt, et portarum nomina mutaverunt, ac de suis agnominibus illas vocari jusserunt, ut duabus constat inscriptionibus quarum una est, ut sequitur, in porta Trojana, sub carcere Delphinali […]. Altera est in porta carceri Pontificali supposita […]. [40] Diocletianus enim Jovius, et Maximilianus (sic) Herculeus nominati fuerunt […] et litteris romanis hæ inscriptiones adhuc, quibusdam litteris corrosis, extant in eisdem portis, quæ fortem et elegantem structuram habent, grossisque et longis lapidibus sine calce sunt confectæ, ut liquido appareat eas Romanorum esse ædificium. Suntque eædem portæ antiquitate et pulchra lapidum congerie insignes, et in quolibet portarum latere est una turris non minoris elegantiæ et structuræ quam portæ ipsæ ; […] [41] Tandem huic divi Vincentii templo pontificalis Mariæ Virginis ædes adjuncta est, necnon et palatium episcopale, quod etiam portam illam Herculeiam amplectitur, et ideo recentiori vocabulo nunc porta Pontificalis vulgo dicitur ; et propter terræ et viæ elevationem [42] humi plus solito depressa est, et supra eam portam pontifices Gratianopolitani carcerem ædificaverunt. Itidem Delphini fecerunt supra portam Joviam. »
= « Cularo fut construite par les Troyens, comme le prouve le nom de Troyenne donné à la porte de cette ville, tournée vers le midi [...]. Lorsque les Romains eurent étendu leur domination jusque dans le pays des Allobroges, ils appelèrent cette porte Romaine parce qu’elle était sur la route de Rome ; l’autre porte, par laquelle on allait à Vienne, s’appelait la porte Viennoise [...]. Les empereurs Dioclétien et Maximien embellirent Cularo de murs et d’édifices. Ils changèrent aussi le nom des portes, auxquelles ils donnèrent leurs surnoms, comme cela résulte de deux inscriptions, dont la première placée, sur la porte Traine, et sous la prison delphinale, est ainsi conçue [...]. Une inscription semblable, sauf qu’à la place des mots portam romanam joviam, on y lit : PORTAM VIENNENSEM HERCVLEAM, se trouve sur la porte placée au-dessus de la maison épiscopale. Dioclétien portait en effet le surnom de Jovius et Maximien celui d’Hercule […]. Ces deux inscriptions, quoique quelques lettres soient usées, existent encore, en caractères romains, sur les mêmes portes, qui sont d’une architecture solide et élégante, construites de grosses et longues pierres sans chaux, et qui ont évidemment tous les caractères des monuments romains. Ces portes sont tout à la fois remarquables par leur antiquité et par la beauté de leurs matériaux ; sur le côté de l’une et de l’autre s’élève une tour non moins remarquable que les portes elles-mêmes par son élégance et sa construction. […] Enfin, à cette église de Saint-Vincent on a ajouté la cathédrale, dédiée à la vierge Marie, et un palais épiscopal qui comprit la porte d’Hercule, laquelle fut dès lors appelée la porte de l’Évêché. Par suite de l’exhaussement du sol et de la route, cette porte se trouva plus basse qu’il ne fallait. Alors les évêques de Grenoble construisirent une prison au-dessus, et les dauphins agirent de la même façon pour la porte Jovienne. » (trad. Macé 1852, p. 50-51, 52-53)