LES LIVRES D’ARCHITECTURE

Notice détaillée

Auteur(s) Savot, Louis
Titre L’architecture françoise... Avec des... nottes de M. Blondel
Adresse Paris, F. Clousier & P. Aubouyn, 1673
Localisation Tours, Université François Rabelais, FB 983
Mots matière Architecture privée
Transcription du texte

English

     L’architecture françoise des bastimens particuliers publiée en 1673 se différencie de l’édition originale de 1624 par l’intervention de François Blondel, « Professeur et directeur de l’Académie Royale d’Architecture », qui présente et annote l’ouvrage. Cette seconde mouture sera elle-même complétée et rééditée en 1685.
Après une dédicace à Colbert, Blondel donne une biographie assez longue de Louis Savot, puis précise les limites de son intervention : « Mais comme cette matière a beaucoup changé depuis le temps que cet Auteur a écrit, et que l’on a maintenant un goût différent de ce qu’il enseigne dans la plupart des préceptes qu’il nous a laissés, j’ai cru que je rendrais un service utile au public si j’ajoutais en forme de notes dans la suite du livre ce que j’ai remarqué n’être plus conforme à notre usage ; je marque aussi en passant ce qui se pratique communément parmi nous, afin qu’on se puisse servir utilement de tant d’instructions excellentes que cet Auteur a ramassées et expliquées dans son ouvrage ; ainsi je me contente de rectifier seulement ce qui paraît avoir été changé depuis le temps qu’il a écrit », c’est-à-dire des considérations sur les escaliers, les cheminées, les allées d’arbres et le prix des matériaux. De fait, les corrections apportées au texte initial n’en modifient pas fondamentalement les leçons.
Une autre mise à jour s’imposait : celle de la « bibliographie » donnée par Savot à la fin du livre. Ni inventaire ni bibliothèque idéale, cette liste d’ouvrages d’architecture dont Savot recommande la lecture est l’une des principales originalités de son propos. Son contenu en effet donne une idée précise de ce que pouvait être la culture d’un lettré, mais aussi celle d’un architecte au début du XVIIe siècle. Mais son existence même – c’est probablement la première du genre – est révélatrice d’une nouvelle ère dans la création architecturale. Désormais, les bâtisseurs ont accès à un savoir livresque sans commune mesure avec celui dont pouvaient disposer leurs prédécesseurs à la Renaissance. Lorsque Blondel prend les choses en main, il fallait évidemment ajouter quelques ouvrages essentiels : la traduction de Vitruve par Claude Perrault (1684) dont il annonce la parution imminente, celle de Palladio par Roland Fréart de Chambray (1650), et le Parallèle du même auteur ; les livres d’Abraham Bosse et de Girard Desargues, et enfin, les ouvrages de Blondel lui-même. Ces notes apportent en outre un point de vue critique, pratiquement absent du texte de Savot, plein d’enseignements sur la vision que les contemporains de Louis XIV pouvaient avoir sur la littérature artistique de la Renaissance. On y lit sans surprise l’éloge de Palladio, de Scamozzi et de Vignole, la critique du goût « gothique » de Serlio ou de Philibert De l’Orme ; de façon plus inattendue, on découvre que le vieux traité de Sagredo était encore en usage.

Yves Pauwels (Cesr, Tours) – 2006

Bibliographie critique

J. Ache, « Techniques de construction et formes architecturales au XVIIe siècle » Revue de la Société d’études du XVIIe siècle, 36-37, 1957, p. 273-286.

J.-P. Babelon, Demeures parisiennes sous Henri IV et Louis XIII, Paris, Hazan, 1991.

M.-A. Fleury, Documents du minutier central concernant les peintres, les sculpteurs et les graveurs au XVIIe siècle (1600-1650), Paris, SEVPEN, 1969, 1, p. 512.

A. Gerbino, François Blondel : Architecture, Erudition, and the Scientific Revolution, Londres/New York, Routledge, 2010.

C. Parkhurst, « Louis Savot’s Nova Antiqua Color Theory, 1609 », J. Bruyn, J. A. Emmons, E. de Jongh & D. P. Snoep (éd.), Album amicorum J.-G. Van Gelder, La Haye, Nijhoff, 1973, p. 242-247.

Y. Pauwels, « La bibliographie d’architecture de Louis Savot (1624) », Journal de la Renaissance, 5, 2007, p. 371-382.

H. Rambach, « Louis Savot, la modernité d’un regard novateur », Europäische numismatische Literatur im 17. Jahrhundert, numéro spécial, 2005, p. 59-67.


 

 

Notice

L’architecture françoise des bastimens particuliers. Composée par Me Louis Savot, medecin du Roy et de la Faculté de Medecine en l’Université de Paris. Avec des figures & des nottes de M. Blondel... - A Paris : chez François Clouzier l’aisné, Pierre Aubouïn, 1673. – In-8°, [12] f., 432 p., [1] f., ill.
Brunet V, 174.
Tours, Bibliothèque universitaire, Fonds Brunot, FB 983.
*Notes :
- Reliure veau fauve, page de titre collée sur le plat supérieur. Dos à 6 nerfs ; les entrenerfs ornés de fleurons à chaud. Tranches marbrées.
- Mention manuscrite sur la page de titre et la p. 1 : « Rubase Duplessis ».
- Annotations marginales p. 416 : « 18 s. le pied de verre fort comme à St Sulpice » et p. 417 : « 1673, 15 s., 20 s. ».