LES LIVRES D’ARCHITECTURE

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     Jean Le Blond est issu d’une famille d’artistes et de graveurs (il est le neveu d’un premier Jean Le Blond mort en 1666, peintre ordinaire du Roi, lui-même fils d’un éditeur d’estampes), qui au début du règne de Louis XIV est liée aux Hardouin. Il est peintre et membre de l’Académie royale de peinture depuis 1681 ; néanmoins, c’est comme graveur qu’il intervient dans le domaine de l’architecture. Il grava plusieurs représentations des œuvres de Jules Hardouin-Mansart, ayant obtenu pour cela un privilège royal en 1683, l’année même de la publication de son traité.
Les Deux exemples de l’architecture antique et des quatre plus excellents auteurs qui en ont traité sont dédiés à Le Brun, dont l’auteur mentionne le rôle au sein de l’Académie de peinture mais rappelle aussi qu’il participe à l’Académie d’architecture. Il s’agit d’une reprise du fameux Parallèle de Roland Fréart de Chambray publié en 1650, à qui Le Blond, sans jamais citer son nom ni son livre, emprunte non seulement le principe mais aussi le choix des ordres, restreint toutefois à quelques antiques et aux quatre modernes désignés par Fréart de Chambray comme les plus recommandables : Palladio, Scamozzi, Vignole et Serlio. Les cuivres sont des interprétations fidèles, quoique de moindre qualité, de ceux gravées par Charles Errard en 1650, accompagnés la plupart du temps de brefs commentaires. Les apports de Le Blond consistent à représenter les ordres sur pied, avec ou sans piédestal, et dans des ordonnances de colonnades ou d’arcades selon le principe de la Regola de Vignole et des Quattri libri de Palladio. Il ajoute deux représentations en perspective (un chapiteau d’angle du temple de la Fortune Virile, un sarcophage du Panthéon) ainsi que quelques détails spécifiquement français : une balustrade du Luxembourg, un scabelone du Louvre et un ordre français avec un chapiteau de structure corinthienne agrémenté de dauphins et de fleurs de lys, sans doute à mettre en rapport avec les expériences menées pour le troisième niveau de la cour du Louvre, ou avec les propositions de Le Brun pour la Galerie des Glaces à Versailles.
L’ouvrage fut réédité avec les mêmes cuivres en 1710 et 1716 par Jean Mariette sous le titre Paralelle (sic) des cinq ordres d’architecture, moins sans doute pour son intérêt intrinsèque qu’à cause de l’influence prise alors par le fils de Le Blond, Jean-Baptiste-Alexandre (1679-1719), architecte et théoricien de grande envergure, fort admiré par Mariette.

Yves Pauwels (Cesr, Tours) – 2013

Bibliographie critique

B. Jestaz, Jules Hardouin-Mansart. Vie et œuvre, Paris, Picard, 2008, p. 201-202.

M. Préaud, Inventaire du fonds français. Graveurs du XVII^e siècle, Paris, Bibliothèque nationale, 7, 1976, p. 298-300.

K. Russo, Jean LeBlond (c. 1635-1709), notice III-A-20, D. Wiebenson (éd.), Architectural Theory and Practice from Alberti to Ledoux, Chicago, The University of Chicago Press, 1982.