LES LIVRES D’ARCHITECTURE

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     L’édition princeps du compendium d’architecture parut en 1540 à Paris chez Michel de Vascosan à la suite de textes de mathématique, de géométrie et d’astronomie de Cassiodore (Aurelii Cassiodori Senatoris Cos. que Romani de quatuor mathematicis disciplinis Compendium. Adjectus est vetustus author... de architectura compendiosissime tractans quæ Vitruvius et cæteri locupletius ac diffusius tradidere. Il est suivi du chapitre 15 du livre X du De re ædificatoria d’Alberti (Ex Leonis Baptistæ de re ædificatoria libro decimo, quomodo serpentes, culices, cimices, muscæ, mures, pulices, tineæ, & id genus molesta nocuaque perdantur & arceantur). L’édition est due à l’orientaliste et polymathe Guillaume Postel (1510-1581), qui reprend une version interpolée du compendium d’architecture avec le passage « De malthis diversis », signalé comme dernier chapitre (ch. 30). La table des matières « De diversis fabricis Architectonicæ capita » (ff. 9-9v°) précède le texte de l’abrégé d’architecture, divisé en trente chapitres (ff. 10-23).
Le compilateur anonyme a réuni les informations pratiques sur l’architecture privée contenues principalement dans le traité de Vitruve et dans d’autres traités : non content de les réorganiser, il les complète, les actualise, voire les corrige. L’opuscule, car il s'agit d'un texte très bref, rédigé dans un style simple et impersonnel comme tous les écrits techniques, s’adresse à un large public. Il suit donc un ordre logique et pratique : prologue, connaissances théoriques générales (ch. 1-2), eau (prospection, forage, adduction..) (ch. 3-7), matériaux (ch 8-12), construction (villa rurale, demeure urbaine, bains) (ch. 13-17), travaux de finition (pavements, plafonds…), instruments de mesure (28-29), divers types de malthes (ch. 30).
Le compendium a, semble-t-il, rencontré peu de succès puisqu’en 1550 Vascosan décide de ne rééditer que Cassodiore et Alberti, sans l’abrégé d’architecture. Entre temps, il est vrai la traduction française de Vitruve par Jean Martin a paru (Paris, Jacques Gazeau, 1547). Les architectes et théoriciens n’avaient aucune raison d’utiliser un opuscule qui ne leur apprenait rien. Guillaume Philandrier dans ses Annotations sur Vitruve (Rome, 1544 ; Lyon, 1552) travaille sur les sources même de l’auteur antique. Du reste, en 1624, Louis Savot ne mentionne pas l’ouvrage dans sa longue bibliographie d’architecture (L’architecture françoise des bastimens particuliers). Et il ne figure ni dans les bibliothèques de Mansart, de Le Vau ou de Lemercier. Seul l’érudit aixois Nicolas Claude Fabri de Peiresc (1580-1637), studieux d'architecture mais surtout bibliophile averti possédait l’édition de 1540, qui de fait est citée et recherchée dans la seconde moitié du XVII^e siècle en raison de sa rareté. Le compendium est réédité à Padoue en 1739 par le marquis Giovanni Poleni dans ses Exercitationes Viruvianæ secundæ, sous le titre Anonymus scripor vetus, de Architectura compendiosissime tractans, quæ Vitruvius et ceteri locupletius quidem ac diffusius tradidere. Pourtant, en 1580, Élie Vinet avait publié à Bordeaux une seconde édition du compendium d’architecture qu’il attribuait à Palladius.
L’auteur antique n’a été identifié que dans la seconde moitié du XIX^e siècle (Cam 2002, p. LXIV) : il s’agit de Marcus Cetius Faventinus, qui vécut sans doute dans la première moitié du III^e siècle. Il est l’une des sources de Palladius et d’Isidore de Séville.

Frédérique Lemerle (Cnrs, Cesr, Tours) – 2008

Bibliographie critique

M. C. Faventinus, Abrégé d’architecture privée, Texte établi, traduit et commenté par M.-T. Cam, Paris, Les Belles Lettres, 2002, p. VII-LXVIII (1^ère éd. : Paris, 2001).

F. Lemerle, « La bibliothèque d’architecture de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc », Revue de l’Art, 157, 2007-3, p. 35-38.

F. Marías, « ¿ Palladio o Palladius ? Marco Cetio Faventino : sobre la supuesta edicíon francesa de Andrea Palladio de 1580 », Annali di architettura, 21, 2009, p. 91-98.