LES LIVRES D’ARCHITECTURE

Notice détaillée

Auteur(s) Mauclerc, Julien
Boyvin, René
Daret, Pierre
Titre
Traitté de l’architecture svivant Vitruve... Où il a esté adiousté les diverses mesures & proportions...
Adresse Paris, P. Daret, 1648
Localisation Paris, Ensba, Les 1658
Mots matière Ordres

English

     Cette édition du traité de Julien Mauclerc a été publiée en 1648, à l’initiative du graveur et éditeur parisien Pierre Daret. On y retrouve le texte de 1600, avec un vocabulaire modernisé ou modifié (par exemple « tuscanique » devient « toscan », « résidu » « restant »). Daret supprime les références précises au Livre III de Serlio, mais ajoute des commentaires aux figures dont il a enrichi les planches, entre autres une méthode de tracé de la volute ionique explicitement empruntée à Vignole. Le caractère d’imprimerie est plus petit de façon à réduire à deux les quatre pages que prenait chaque chapitre en 1600. Disparaissent la dédicace à Henri IV ainsi que le long « proème » de Mauclerc et les pièces de circonstances, remplacés par une nouvelle dédicace, une nouvelle adresse au lecteur, et à la fin du volume cinq planches représentant les entrecolonnements, les ordres selon Palladio, Scamozzi et Vignole, et enfin quelques règles de perspective, le tout commenté dans un « avertissement ». Le volume se conclut par deux planches provenant de l’édition originale. Cette fois, il a bénéficié d’un privilège. Il est doté de nouvelles lettrines et de nouveaux bandeaux.
Les gravures sont enrichies par quelques éléments ajoutés dans les espaces laissés libres par Boyvin. Ces motifs s’inspirent volontiers de Vignole : dans la vue du dessous d’un chapiteau dorique, on reconnaît l’iris Farnèse de la planche XIV de la Regola. Le chapitre dorique comporte en outre des détails de la frise et du soffite de la corniche. Les planches consacrées à l’ionique sont complétées par des détails de moulures d’impostes et de frises, deux schémas permettant de tracer la volute selon la méthode de Philandrier et Vignole (mais l’auteur se réclame uniquement de ce dernier), un profil de chapiteau avec le balustre, un demi-fronton et des détails d’ornement pour les entablements. Pour le corinthien, il ajoute des moulures d’imposte, une vue de la jonction des grandes crosses du chapiteau, un demi-fronton et des détails de décor d’entablement (frise et soffite). Les planches représentant le composite sont augmentées d’un exemple de fronton et de détails ornementaux.
Les adjonctions de Daret ajoutent au côté hétéroclite de l’ouvrage, mais, de ce point de vue, elles sont très cohérentes. En effet, en introduisant Vignole, Palladio et Scamozzi, elles actualisent la matière d’une méthode éclectique qu’à l’aube du siècle, Mauclerc pratiquait avec Blum, Serlio, Labacco et de l’Orme, désormais dépassés par les trois Italiens qu’en 1650 Fréart de Chambray désigne comme les trois maîtres modernes, et qui donnent à l’architecture du XVIIe siècle français l’essentiel de son répertoire dans le domaine des ordres. Au reste, la mise en parallèle des ordres ici présentée rappelle la méthode que le même Fréart développe dans son propre Parallèle.
L’exemplaire de l’Ensba présente quelques anomalies de mise en page. Les deux premières pages du « contenu et interprétation » du frontispice sont inversées ; la première planche représentant chacun des ordres suit la dernière de l’ordre précédent, et vient avant le texte qui la concerne (dans d’autres exemplaires comme celui de la BnF proposé à la consultation sur le site Gallica, les planches suivent toutes le texte).
Sans grande répercussion apparente en France, le livre fut en revanche apprécié en Angleterre, où il fut traduit et publié à de nombreuses reprises à partir de 1669 (Londres, Robert Pycke).

Yves Pauwels (Cesr, Tours) - 2006

Bibliographie critique

J. Châtenay, La vie intellectuelle en Aunis et Saintonge de 1540 à 1610, La Rochelle, Éditions du Quartier Latin, 1959.

J. Levron, René Boyvin, graveur angevin du XVIe siècle, Angers, Petit, 1941.

S. Lhopiteau, Pierre Daret, graveur, éditeur, marchand, peintre : étude monographique. Thèse de doctorat, Université de Paris-IV (Paris-Sorbonne), 2005.

M. Marrache-Gouraud, « Cabinets et curieux du Poitou, aux XVIe et XVIIe siècles », P. Martin & D. Moncond'huy (éd.), Curiosité et cabinets de curiosités, Neuilly, Atlande, 2004, p. 93-108.

Y. Pauwels, « Hans Blum et les Français, 1550-1650 », Scholion. Mitteilungsblatt der Stiftung Bibliothek Werner Oechslin, 6, 2010, p. 77-88.

D. Thomson, « Architecture et humanisme au XVIe siècle. Le Premier Livre d’Architecture de Julien Mauclerc », Bulletin monumental, 158, 1980, p. 7-40.

D. Thomson, « Le Premier Livre d’Architecture de Mauclerc, à La Rochelle, chez Jérôme Haultin en 1600 », S. Deswarte-Rosa (éd), Sebastiano Serlio à Lyon. Architecture et imprimerie, Lyon, Mémoire active, 2004, p. 471.

 

 

Notice

Traitté de l’architecture suivant Vitruve, où il est traitté des cinq ordres de colomnes... divisées en sept chapitres qui enseignent leurs différentes proportions... suivant la pratique des plus anciens architectes grecs et romains... desseignez par Maistre Julien Mauclerc, sieur du Ligneron-Mauclerc, La Brossardière et Remanguis, où il a esté adjousté les diverses mesures et proportions de ces fameux architectes Scamozi, Paladio et Vignole, et quelques règles de perspective, le tout... mis en lumière par Pierre Daret, graveur... - A Paris : chez Pierre Daret, graveur ordinaire du Roy, rüe S. Iacques..., 1648.
In-fol., pièces liminaires (page de titre, frontispice, dédicace de l’imprimeur, légende du frontispice, adresse au lecteur), 14 p., 48 planches et vignettes gravées.
Selon les exemplaires, l’ordre suivi des folios de texte et de planches varie beaucoup.
Autres auteurs : Boyvin, René. Graveur ; Daret, Pierre. Auteur et graveur.
Berlin Katalog 2361 ; Cicognara 563 ; Dumesnil VII, 81, n° 184-226 ; Fowler 194.
Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, Les 1658.
*Notes :
- Légende du frontispice (3 p.) montée en désordre.
- Reliure de veau contemporaine de l’impression, état moyen, sans décor sur les plats, fleuron encadré par double filet dans les entre-nerfs.
- Mention manuscrite sur la garde inférieure : « A victor henry » (écriture XVIIIe siècle).
- Legs de l’architecte Joseph Le Soufaché à l’École des Beaux-Arts, 1890.